Avant que s’amorce la transition démographique, un pays connaît généralement des taux de natalité et de mortalité élevés. La transition démographique commence typiquement quand le taux de mortalité diminue. En conséquence, la croissance démographique s’accélère : la population augmente vite. Ensuite, quelques décennies après, le taux de natalité diminue à son tour, ce qui tend à ralentir la croissance démographique. La transition démographique s’arrête quand le taux de natalité rejoint le taux de mortalité à un faible niveau.
Les premiers pays à avoir connu une transition démographique sont ceux d’Europe du nord à la fin du dix-neuvième siècle ; aujourd’hui, quasiment tous les pays ont connu leur transition démographique. En définitive, c’est finalement l’ensemble de la population mondiale qui a connu une transition démographique. En l’occurrence, la croissance de la population mondiale s’est accélérée à partir du dix-huitième siècle pour atteindre un pic dans les années 1970, en atteignant alors plus de 2 % par un (cf. graphique). Depuis, il a chuté pour revenir à un rythme annuel inférieur à 1 %. Selon les prévisions des Nations unies, la croissance de la population mondiale ne devrait être que de 0,1 % par an à la fin du vingt-et-unième siècle d’après les prévisions du scénario central des Nations Unies.
Croissance annuelle de la population mondiale (en %) Matthew Delventhal, Jesús Fernández-Villaverde et Nezih Guner (2021) ont étudié les transitions démographiques à partir des données relatives aux taux de natalité et de mortalité de 186 pays pour une période s’étalant sur plus de 250 années. Ils constatent qu’une transition démographique a été achevée ou est encore dans quasiment tous les pays ; que le niveau moyen du PIB par tête au début d’une transition est pratiquement constant ; qu'au fil du temps les transitions démographiques ont eu tendance à être de plus en plus rapides ; et que les transitions démographiques tendent à être « contagieuses », dans la mesure où le fait qu’un pays ait dans son voisinage des pays qui ont débuté leur transition démographique accroît les chances qu’il ait débuté la sienne. Ce dernier constat avait notamment été relevé par Enrico Spolaore et Romain Wacziarg (2020) lorsqu’ils ont étudié l’évolution et les déterminants de la fertilité en Europe sur la période allant de 1830 à 1970.
Dans un second temps, Delventhal et ses coauteurs ont développé un modèle quantitatif d'inspiration beckerienne pour rendre compte de leurs observations empiriques. Dans leur modélisation, les pays diffèrent en termes de localisation géographique, notamment leur distance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Leur modèle rend assez bien compte des changements des niveaux d’éducation observés dans les différents pays et leur corrélation avec la chute de la fertilité.
Références