Le changement climatique est considéré comme l’un des problèmes les plus importants, si ce n'est el plus important, auquel l’humanité fait actuellement face. Plusieurs études suggèrent notamment qu’il provoquera d’importants dommages économiques, que les mesures adoptées pour le freiner sont elles-mêmes susceptibles de pénaliser l'activité économique, du moins à court terme, etc.
Les économistes ont donc a priori toutes les raisons de s'y intéresser. Pourtant, ils sont relativement peu à travailler sur le sujet. Selon Andrew Oswald et Nicholas Stern (2019), qui notent le très faible nombre d’articles portant sur le thème du changement climatique dans les revues les plus prestigieuses, la science économique serait piégée dans un véritable « équilibre de Nash sous-optimal » : chaque économiste serait peu incité à travailler sur ce thème précisément parce que les autres économistes ne travaillent pas dessus. En l’occurrence, les économistes délaisseraient la question du changement climatique parce qu’ils penseraient qu’ils ont peu de chances de voir un article traitant de ce thème être publié par une revue prestigieuse.
Pour comprendre mieux ce manque apparent d’intérêt de la part des économistes pour la question du changement climatique, Nico Pestel et Andrew Oswald (2021) se sont appuyés sur un sondage réalisé en octobre dernier auprès d'un échantillon d'économistes affiliés à l’institut IZA. Plus de 90 % des répondants ont déclaré s’inquiéter du changement climatique, mais seulement une minorité indique effectivement travailler sur le thème.
Le sondage a demandé aux participants pourquoi ils ne réalisaient pas de travaux sur le sujet. La réponse la plus fréquente, donnée par environ 80 % des répondants, est qu’ils n’ont pas assez de temps ou de ressources pour travailler sur le sujet. Par manque de ressources, cela pourrait être un manque de financements, un manque d’accès aux données, etc., mais le sondage n’a pas été assez détaillé pour préciser de quelles ressources manquent les économistes. En outre, plusieurs économistes de l’échantillon sont assez réputés et ont en l’occurrence facilement accès à des financements, ce qui leur donne a priori une certaine liberté pour s’attaquer à ce sujet. Or, ils ne le font pas. L’énigme reste donc encore à résoudre…
Références