samedi 26 février 2022

Quelles sont les conséquences des droits de douane sur les chaînes de valeur mondiales ?

Pendant plusieurs décennies, la baisse régulière des droits de douane a contribué à stimuler les échanges internationaux, notamment en favorisant l’internationalisation des chaînes de valeur. Alors que la crise financière mondiale de 2008 laissait présager une accentuation des tensions commerciales, ces dernières sont restées contenues pendant encore près d’une décennie. Puis, en avril 2017, l’administration Trump a déclenché une guerre commerciale vis-à-vis de plusieurs de ses partenaires commerciaux, en particulier de la Chine : elle a relevé les droits de douane sur de nombreuses importations américaines de produits chinois (allant de l’acier aux machines à laver, c’est-à-dire touchant différentes étapes de la production) et la Chine a relevé en représailles ses droits de douanes sur plusieurs importations de produits américains.

jeudi 17 février 2022

Reprise post-pandémique : quels sont les effets des goulots d’étranglement ?

Après le choc immédiat de la pandémie, en particulier des premiers confinements, l’activité économique a vite rebondi, mais la reprise s’est retrouvée contrainte du côté de l’offre : non seulement la demande a fortement rebondi alors même que l’offre est relativement inélastique à court terme, mais en outre la demande s’est réallouée des services vers les biens (cf. graphique 1), entraînant des goulots d’étranglement. Les délais de livraison se sont creusés, les frais de transport ont explosé, des pénuries d’intrants et de biens finaux sont apparues et le prix de plusieurs biens a fortement augmenté, alimentant plus globalement les pressions inflationnistes.

dimanche 13 février 2022

Vaccination anti-Covid : des intentions aux actes

Malgré les coûts humains, psychologiques, économiques et sociaux tant de l’épidémie de Covid-19 que des mesures restrictives adoptées pour la freiner, des millions de personnes à travers le monde refusent toujours de se faire vacciner contre le coronavirus. 

samedi 12 février 2022

Quelles pertes en capital humain la pandémie a-t-elle provoquées ?

Les individus accumulent du capital humain, non seulement à travers leur scolarité, mais aussi en travaillant, en bénéficiant de la formation par la pratique (learning-by-doing), en échangeant des savoirs et savoir-faire avec les collègues, etc. Une récession est particulièrement susceptible de nuire à l’accumulation de capital humain : les travailleurs qui se retrouvent privés des interactions physiques avec leurs collègues ou qui se retrouvent au chômage technique et surtout au chômage ne peuvent acquérir de nouvelles compétences en travaillant et l’érosion ou l’obsolescence de leurs compétences s’accélère. Outre ses effets sur les travailleurs, la pandémie a également perturbé l’accumulation du capital humain via le système éducatif : c’est la scolarité de l’ensemble des cohortes d’élèves qui s’est retrouvée perturbée, avec la fermeture des écoles, la hausse de l’absentéisme des élèves et de leurs enseignants, l'imparfaite substituabilité entre enseignement en présentiel et enseignement en distanciel, etc. (Fuchs-Schündeln et alii, 2020 ; Hanushek et Woessmann, 2020 ; Psacharopoulos et alii, 2021 ; Azevedo et alii, 2021).

jeudi 10 février 2022

Les inégalités d’accès aux études supérieures selon le revenu des parents

En s’appuyant sur une enquête réalisée auprès des jeunes adultes et sur une base de données administratives, Cécile Bonneau et Sébastien Grobon (2022) ont étudié les inégalités d’accès à l’éducation supérieure selon le revenu parental en France.

dimanche 6 février 2022

Une théorie des déficits publics à la Boucles d’or

Les pays développés ont connu des taux d’intérêt extrêmement faibles ces dernières années, une situation que certains ont qualifiée de « stagnation séculaire » en y voyant le symptôme d’une demande globale chroniquement faible (Summers, 2014). Cette extrême faiblesse des taux d’intérêt a amené les économistes à reconsidérer la question de la soutenabilité de la dette publique. Par exemple, selon Olivier Blanchard (2019), lorsque le taux d’intérêt (r) est inférieur au taux de croissance (g) le gouvernement pourrait éventuellement connaître un déficit permanent sans pour autant voir sa dette exploser, une situation que certains ont qualifiée de « festin gratuit » (free lunch). 

samedi 5 février 2022

Les Gilets jaunes, les croyances pessimistes et l’aversion à la taxe carbone

Le mouvement des Gilets jaunes a été amorcé par le projet d’introduction d’une taxe environnementale au prix des carburants, dans un contexte où ce dernier avait fortement augmenté. Même si une minorité de la population française a participé à ce mouvement et si ses participants ont inclus de façon disproportionnée des sympathisants d’extrême-gauche et d’extrême-droite, il a bénéficié d’un large soutien parmi l’ensemble de la population.

vendredi 4 février 2022

Les invisibles défauts sur les prêts chinois

Ces deux dernières décennies, les prêts chinois accordés aux pays en développement ont connu un boom. L’Etat chinois et les banques publiques chinoises sont devenus les principaux prêteurs pour le monde en développement. Or, les institutions chinoises ont accordé ces prêts de façon très opaque. Cela s’explique notamment par le fait que les principaux prêteurs chinois ont exigé une stricte confidentialité de la part de leurs emprunteurs. En étudiant la pratique de prêts de la Chine sur la période allant de 2000 à 2017, Sebastian Horn, Carmen Reinhart et Christoph Trebesch (2021) avaient ainsi conclu qu’environ la moitié des prêts chinois n’étaient pas capturés par les statistiques internationales sur la dette. Cette pratique constitue donc une source potentielle d’instabilité et de contagion financières : puisque ces « dettes cachées » ne sont pas l’objet d’une surveillance par les institutions internationales, l’endettement des pays en développement et le risque que celui-ci fait peser sur le reste du système financier mondial sont sous-estimés.

mardi 1 février 2022

Quelle est la politique monétaire optimale quand la reprise est déséquilibrée ?

La reprise post-pandémique se singularise par son caractère déséquilibré : la demande de biens, notamment manufacturés, est forte, mais la demande de services reste déprimée, en particulier ceux qui nécessitent des relations physiques de face-à-face avec la clientèle. En effet, ces services sont particulièrement exposés aux mesures restrictives adoptées par les autorités pour freiner l’épidémie et particulièrement affectés par le comportement de distanciation physique adopté par les consommateurs, notamment par crainte de la contagion. En conséquence, l’économie mondiale connaît une réallocation de la demande en faveur des biens (cf. graphique). Ce rééquilibrage entraîne notamment des goulots d’étranglement et se traduit par une accélération de l’inflation.