mardi 31 mai 2022

Les coûts politiques des chocs pétroliers

Depuis les années 1970, les prix du pétrole ont connu des phases de fortes hausses rapides, des épisodes que l’on a pu qualifier de chocs pétroliers. Ce fut notamment le cas en 1973-1974 et en 1979, dans un contexte de fortes tensions géopolitiques, à la veille de la crise financière mondiale, lorsque l’émergence de la Chine alimentait fortement la demande mondiale de pétrole, lors de la reprise subséquente ou encore ces derniers trimestres, dans le contexte de la reprise post-pandémique et plus récemment du conflit russo-ukrainien.

samedi 28 mai 2022

Un juste prix ?

Le 15 décembre 2014, un homme armé est entré dans un café en Australie et a pris en otage ses clients pendant plusieurs heures. Au cours de cette prise d’otage, les forces de l’ordre ont confiné les rues aux alentours et la circulation a été interrompue. Les prix pour un trajet en Uber ont alors fortement augmenté : ils ont été multipliés par quatre en moyenne. La société s’est justifiée en déclarant qu’une telle hausse des tarifs était nécessaire pour inciter les conducteurs à poursuivre leur activité et permettre ainsi aux clients de se déplacer. Beaucoup ont alors réagi en qualifiant ce choix d’« honteux » et en y voyant une absence de « compassion » de la part d’Uber. La société s’est trouvée contrainte de présenter des excuses.

vendredi 27 mai 2022

Les récits à propos de l’inflation

Les récits, c’est-à-dire les histoires que se racontent les individus pour expliquer le monde, leur offrent une lentille à travers laquelle ils interprètent les données et cherchent à prévoir les évolutions futures. Le prix Nobel d'économie Robert Shiller (2017, 2020) est convaincu que les récits jouent un rôle crucial dans la formation des anticipations des agents économiques et, par conséquent, dans les développements macroéconomiques.

jeudi 26 mai 2022

La Fed a-t-elle fait rebasculer l’économie américaine dans la Grande Dépression en 1937 ?

Aux Etats-Unis, la Grande Dépression n’a pas duré sans discontinuité jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ; pour être exact, l’économie américaine a connu deux récessions à la suite. Après avoir connu une contraction d’environ 30 % de son PIB réel et de 47 % de sa production industrielle entre 1929 et 1933, elle a amorcé en 1933 une reprise vigoureuse. En 1937, la production était encore inférieure de 15 % à son niveau potentiel (Balke et Gordon, 1986), mais le PNB réel était pratiquement revenu à son niveau au pic d’avant-crise. L’économie américaine rebascula cette année-là dans la récession : le PIB réel chuta de 11 % et la production industrielle de 32 % (Crafts et Fearon, 2010 ; Irwin, 2011).

lundi 16 mai 2022

Comment les individus perçoivent les effets du commerce international

La plupart des économistes estiment que les pays tirent un gain net de leur ouverture au commerce extérieur : les échanges devraient accélérer l’innovation et la croissance, en réduisant les prix, en élargissant la diversité des produits, en facilitant la diffusion des innovations, etc. Cela dit, il existe également des coûts à l’échange, concentrés sur une partie de la population, en l’occurrence les travailleurs les moins qualifiés dans le cas des pays développés, tandis que les gains sont diffus, dilués dans l’ensemble de la population : certains voient ainsi leur situation absolue, et non pas simplement relative, se détériorer avec l’ouverture aux échanges. La mondialisation commerciale est ainsi tenue comme l’une des responsables de la hausse des inégalités observée dans les pays développés depuis le début des années 1980. Il peut alors apparaître justifié de redistribuer une partie des gains des gagnants vers les perdants de la mondialisation.

samedi 14 mai 2022

Comment la pandémie a affecté les échanges commerciaux des firmes françaises

Il y a un peu plus de deux ans désormais, le commerce international s’est soudainement effondré avec la première vague épidémique de la Covid-19 et l’adoption de confinements à travers le monde. Par exemple, les exportations françaises ont chuté de 78 % et les importations françaises de 70 % sur un an. Avec les déconfinements, les échanges internationaux ont vite rebondi, retrouvant leurs niveaux prépandémiques à la fin de l’année. 

mardi 10 mai 2022

Faut-il réviser la cible d’inflation ? Ce qu'en pensent les économistes

A partir des années 1990, plusieurs banques centrales à travers le monde ont adopté, plus ou moins explicitement, une cible d’inflation : elles ont cherché à maintenir le taux d’inflation à un niveau donné, généralement 2 %. On considérait que cette pratique était plus efficace si la banque centrale indiquait explicitement qu’elle l’adoptait et quel niveau d’inflation elle suivait, dans la mesure où l’on supposait que cela permettait d’ancrer plus facilement les anticipations d’inflation au niveau ciblé.

mercredi 4 mai 2022

Comment la répartition du patrimoine a évolué à long terme en Allemagne

Thilo Albers, Charlotte Bartels et Moritz Schularick (2022) ont reconstitué le patrimoine et sa répartition en Allemagne depuis la fin  dix-neuvième siècle. Pour cela, ils ont combiné les données fiscales, des données d’archives, des données tirées d’enquêtes réalisées auprès des ménages et des données tirées de la comptabilité nationale.

lundi 2 mai 2022

Les chocs touchant les anticipations d’inflation sont-ils inflationnistes ?

Après plusieurs décennies de faibles taux d’inflation et d’anticipations d’inflation ancrées à un faible niveau, les taux d’inflation ont eu tendance à augmenter dans le sillage de la pandémie, en particulier depuis le début de l’année 2021. Ils atteignent ainsi dans les pays développés des niveaux qui n’avaient guère été observés depuis plusieurs décennies, voire depuis la stagflation des années 1970.