samedi 28 août 2021

Derrière le déclin de r*, la hausse des inégalités ?

Aux Etats-Unis, comme dans d’autres pays développés, le taux d’intérêt naturel (r*) a régulièrement baissé ces quatre dernières décennies et il a atteint ces dernières années des niveaux particulièrement faibles. Une telle dynamique inquiète, non seulement parce qu’elle peut signaler une faiblesse chronique de la demande globale et conforter la thèse d’une stagnation séculaire, mais aussi parce que la faiblesse des taux d’intérêt est propice à la formation de bulles spéculatives et qu’elle contraint l’action de la politique monétaire : face à un choc déflationniste, la banque centrale n’a qu’une latitude limitée pour réduire ses taux.

vendredi 27 août 2021

Quels effets attendre du vieillissement démographique sur les taux d’intérêt, le patrimoine et les déséquilibres mondiaux ?

La population mondiale vieillit rapidement : la part de la population âgée de plus de 50 ans est passée de 15 % à 25 % des années 1950 à aujourd’hui et, selon les prévisions des Nations unies, elle devrait atteindre les 40 % d’ici la fin du vingt-et-unième siècle.

jeudi 26 août 2021

La démocratie séduit… mais seulement lorsqu’elle est prospère ?

Ces dernières décennies, les pays développés semblent connaître une insatisfaction croissante de leurs citoyens à l’égard des institutions démocratiques et une montée des populismes, notamment d’extrême-droite. Toute une littérature, rassurante, s’est développée autour de l’idée qu’un pays est d’autant plus susceptible d’avoir un régime démocratique que son revenu par tête est élevé (Lipset, 1959). Malheureusement, certaines études suggèrent qu’une telle corrélation s’avère particulièrement fragile (Acemoglu et alli, 2008). 

mercredi 25 août 2021

L’inflation de documents de travail pèse sur la recherche économique

La publication des travaux dans les revues prennent beaucoup de temps en science économique (en moyenne, plus de deux ans), beaucoup plus que dans les autres sciences (environ 6 mois pour les sciences « dures ») et notamment dans les autres sciences sociales (environ 13 mois en sociologie, psychologie et science politique) (Hadavand et alii, 2021). Par contre, relativement aux autres scientifiques, les économistes ont davantage tendance à publier des documents de travail, ce qui leur permet de diffuser rapidement leurs résultats malgré la longueur du processus de publication dans les revues.

lundi 23 août 2021

Comment s’est comportée la productivité du travail pendant la pandémie ?

Aux Etats-Unis, la productivité du travail a augmenté en moyenne de 1,5 % par an de 1973 à 1995. Ensuite, sa croissance s’est fortement accélérée, notamment avec les gains tirés des technologies d’information et d’information : de 1996 à 2004, elle s’est maintenue au rythme moyen de 3,25 % environ. Elle a ensuite fortement ralenti, et ce avant même qu’éclate la crise financière mondiale, pour revenir au rythme annuel moyen de 1,5 % sur la période allant de 2005 à 2019 et même de moins de 1 % sur la période allant de 2011 à 2019.

samedi 21 août 2021

Les conséquences macroéconomiques de la transition vers la neutralité carbone

Ces dernières semaines, les mégafeux qui ont touché plusieurs continents et la publication du nouveau rapport du GIEC ont rappelé l’extrême urgence de procéder à la décarbonation de l’économie : le monde devra atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 pour espérer limiter la hausse des températures à 2 °C. En faisant l’hypothèse optimiste que cet objectif sera atteint, Jean Pisani-Ferry (2021) s’est demandé quelles seront les répercussions macroéconomiques de cette transition écologique. 

mercredi 18 août 2021

Pourquoi le bien-être ne réagit-il pas de la même façon à une hausse qu’à une baisse du PIB ?

Une hausse donnée du PIB n’augmente pas autant le bien-être qu’une baisse de la même ampleur du PIB ne le réduit. En effet, Jan-Emmanuel De Neve et alii (2018) ont mis en évidence une asymétrie dans la façon par laquelle les variations du PIB affectent le bien-être. En s’appuyant sur les données subjectives tirées de trois bases de données différentes (le Gallup World Poll mené dans 150 pays, l’eurobaromètre et l’enquête BRFSS réalisée aux Etats-Unis), ils ont constaté que les mesures de la satisfaction de vivre sont au moins deux fois plus sensibles à la décroissance qu’à la croissance. 

mardi 17 août 2021

Quelle réallocation géographique des travailleurs autochtones face à l’immigration ?

La littérature économique tend à conclure que l’accroissement de l’offre de travail provoquée par l’arrivée d’immigrés réduit à court terme le salaire des autochtones qui leur sont substituables [Borjas, 2003]. Mais notamment par crainte d’un tel effet, l’arrivée d’immigrés dans une zone donnée peut amener les natifs à rechercher un emploi ailleurs et/ou à déménager. Une telle réallocation géographique des autochtones atténue alors l’impact de l’immigration sur les salaires dans la zone d’emploi où s’intègrent les immigrés, mais elle diffuse alors le choc au-delà de cette seule zone. Une telle réaction complique la mesure des répercussions de l’immigration sur les salaires, et ce d’autant plus que les autochtones qui restent n’ont peut-être pas tout à fait les mêmes caractéristiques que ceux qui s’en vont.

vendredi 13 août 2021

Quel lien entre croissance des salaires et inflation aux Etats-Unis ?

Le coût du travail représente une part importante des coûts de production des entreprises, si bien que l’on s’attend à ce que celles-ci relèvent d’autant plus leurs prix de vente pour maintenir leurs profits que les salaires augmentent. Le lien entre coût du travail et prix a précisément joué un rôle clé dans la spirale inflationniste qui toucha les pays développés dans les années 1970 : les salaires augmentaient alors à un rythme soutenu et les entreprises répercutaient alors rapidement la hausse des salaires sur leurs prix, mais la forte inflation qui en résultait alimentait en retour la hausse des salaires.

mercredi 11 août 2021

Les ménages réagissent-ils aux annonces de politique monétaire ?

Ces quatre dernières décennies, les autorités en charge de la politique monétaire ont cherché à rendre de plus en plus transparentes leurs décisions. Depuis les années 1970, la littérature académique a en effet particulièrement souligné l’importance des anticipations, en premier lieu dans la mécanique de l’inflation. La nécessité de gagner en clarté et de jouer sur les anticipations des agents économiques est apparue encore plus aigue dans le sillage de la crise financière mondiale de 2008, lorsque les taux d’intérêt des principales banques centrales se retrouvèrent à zéro et que celles-ci durent recourir à d’autres façons de stimuler l'activité économique. La question est de savoir si les anticipations des entreprises et des ménages sont effectivement influencées par les annonces des banques centrales. 

lundi 9 août 2021

Les chocs d’offre keynésiens ont-ils un rôle dans le cycle d’affaire ?

Alors que les récessions résultent en général de chocs de demande, la récession associée à l’épidémie de Covid-19 a été le fruit de chocs touchant aussi bien l’offre globale que la demande globale. Lorsqu'éclata la pandémie, toute une littérature a alors rapidement émergé pour préciser les effets des chocs d’offre. Par exemple, Veronica Guerrieri et alii (2020) ont proposé un modèle dans lequel des chocs d’offre touchant un certain nombre de secteurs dans l’économie sont susceptibles de voir leurs effets être aggravés du côté de la demande globale, au point que cette dernière peut en définitive davantage s’écrouler que l’offre. En l’occurrence, dans leur modèle, ces « chocs d’offre keynésiens » apparaissent du fait que les secteurs touchés par le choc initial proposent des biens complémentaires à ceux proposés par d’autres secteurs, si bien que les consommateurs qui ne peuvent plus acheter auprès des premiers secteurs réduisent aussi leur consommation auprès des seconds. Emmanuel Farhi et David Baqaee (2020) ont abouti à des résultats similaires dans le cadre d’un modèle où ce sont les biens de production qui sont complémentaires. Pour Luca Fornaro et Martin Wolf (2020), les chocs d’offre peuvent devenir keynésiens via le canal de l’investissement, donc la mesure où les entreprises qu'ils touchent réagissent en baissant leurs dépenses d'investissement ; par ce biais, un choc même transitoire est d'ailleurs susceptible d'avoir des effets permanents sur l'activité. De leur côté, Ricardo Caballero et Alp Simsek (2020) montrent que des chocs d’offre négatifs peuvent fortement détériorer la demande globale via leurs effets sur les prix d’actifs.

lundi 2 août 2021

Les « élections de la peur » : comment la pandémie a affecté la participation lors du premier tour des municipales de 2020

En 2020, le premier tour des municipales s’est tenu le 14 mars, guère une poignée de jours avant que le gouvernement n’instaure le premier confinement pour contenir la propagation de l’épidémie de Covid-19. Les jours précédant le scrutin, le gouvernement avait évoqué la possibilité de le reporter, mais l’ensemble des partis s’étaient prononcés en faveur de son maintien. L’abstention a atteint un niveau record : au niveau national, 44,75 % des inscrits ont voté, soit un taux de participation 18,8 points de pourcentage inférieur à celui du premier tour des précédentes municipales, celles de 2014.