Les banques centrales affichent pour mission de stabiliser l’inflation à un faible niveau. Mais, qu’elles y fassent explicitement mention ou non dans leur mandat, elles ont également un rôle dans la préservation de la stabilité financière, ne serait-ce qu’en leur qualité de prêteurs en dernier ressort. Or, ces deux objectifs – la stabilité des prix et la stabilité financière – sont loin d’être indépendants l’un de l’autre. En l’occurrence, les décisions de politique monétaire en vue de stabiliser l’inflation peuvent alimenter les risques d’instabilité financière. Ce peut être le cas des assouplissements monétaires, dans la mesure où ils incitent les agents économiques, notamment les plus contraints financièrement, à s’endetter (Grimm et al., 2023). Et ce peut être aussi le cas des resserrements monétaires : une hausse des taux d’intérêt peut fragiliser les emprunteurs, par exemple en alourdissant la charge de leur dette ou en durcissant les conditions d’obtention d’un nouvel emprunt (Schularick et al., 2021).
mercredi 20 décembre 2023
La lutte des banques centrales contre l’inflation alimente-t-elle les tensions financières ?
vendredi 10 novembre 2023
Quel est l'impact des tensions financières sur l’activité économique ?
Toute étude des crises financières rencontre immédiatement une difficulté : il est difficile de définir et d’identifier clairement celles-ci. Les indicateurs objectifs habituellement utilisés pour mesurer les tensions financières peuvent mal identifier les crises. En effet, ils peuvent réagir à d’autres facteurs que les tensions financières, par exemple les changements dans la politique monétaire, ou bien ne pas saisir certaines manifestations des crises financières, notamment le rationnement du crédit. C’est ainsi que Christina Romer et David Romer (2017) ont proposé de s’appuyer sur des ressources textuelles, en l’occurrence les Perspectives économiques de l’OCDE, et d’y comptabiliser les références aux tensions financières pour construire un indicateur mesurant celles-ci.
samedi 12 août 2023
Comment les crises financières redistribuent-elles le risque ?
Les crises financières résultent de l’accumulation de risque. La question qui se pose est de savoir si, au terme d’une crise financière, le risque a été retiré du système financier ou s’il a été tout simplement redistribué en son sein.
samedi 8 janvier 2022
La gestion préventive des flux de capitaux préserve les pays émergents des chocs d’aversion au risque
Les marchés des capitaux internationaux subissent régulièrement des épisodes de forte aversion au cours desquels les investisseurs financiers se détournent subitement des actifs qu’ils jugent risqués. Ces épisodes affectent tout particulièrement les pays émergents. En effet, ces derniers connaissent alors un tassement des entrées des capitaux, une fuite des capitaux et une plus forte volatilité de leur taux de change. Ces événements ont d’autant plus de chances de se solder par une crise financière que les résidents s’étaient auparavant endettés en devises étrangères. Un tel épisode s’était par exemple produit lors du taper tantrum en 2013, lorsque la Réserve fédérale signala ses intensions de réduire ses achats d’actifs, c’est-à-dire de resserrer sa politique monétaire. Ce fut de nouveau le cas lors de la pandémie de Covid-19.
mardi 28 décembre 2021
Politique monétaire et crises financières endogènes
L’effet de la politique monétaire sur la stabilité financière est ambigu. D’un côté, une politique monétaire accommodante peut augmenter le risque de crise financière en incitant les sociétés financières à se lancer dans une chasse au rendement, en alimentant la formation de bulles spéculatives et en fragilisant le bilan des agents. Par exemple, la Réserve fédérale est considérée par beaucoup comme responsable de la crise financière de 2007 en ayant maintenu ses taux d’intérêt trop longtemps trop bas entre 2003 et 2005.
vendredi 26 novembre 2021
Les crises financières radicalisent-elles les électeurs ? Ce que l’arrivée d’Hitler au pouvoir doit à la crise bancaire allemande
La crise financière mondiale de 2008, puis la montée des mouvements populistes à travers le monde, ont renouvelé l’intérêt des chercheurs pour les crises financières, pour leurs causes, mais aussi pour leurs répercussions « réelles », notamment leurs conséquences politiques. Plusieurs études ont notamment relié l’essor des partis d’extrême-droite aux crises financières (De Bromhead et alii, 2013 ; Funke et alii, 2016).
lundi 15 novembre 2021
Crédit, récessions et inégalités
Plusieurs travaux suggèrent que les inégalités de revenu tendent à exacerber le risque ou l'ampleur d'événements comme les récessions et les crises financières. Après avoir noté que la Grande Dépression des années 1930 et la Grande Récession de 2008 avaient toutes deux été précédées par une hausse des inégalités de revenu, Michael Kumhof et alii (2021) ont montré qu’une telle dynamique de la répartition des revenus était susceptible d’alimenter le risque d’instabilité financière, notamment en incitant les ménages à bas revenus et les classes moyennes à s’endetter. De leur côté, Emanuel Kohlscheen et alii (2021) ont montré que les inégalités de revenu tendaient à aggraver les récessions.
mardi 15 juin 2021
Pourquoi les gouvernements interviennent-ils après les crises financières ?
Les crises financières constituent un problème endémique pour les économies de marché ; la crise financière mondiale de 2008 et la crise de la dette publique en périphérie de la zone euro 2010 ont rappelé que les pays développés n’étaient pas préservés de tels événements. Et ce rappel a été particulièrement douloureux. En effet, les crises financières endommagent significativement et durablement l’activité économique : cette dernière ne parvient guère à suffisamment rebondir suite à une crise financière pour revenir à la trajectoire qu’elle suivait avant que celle-ci n’éclate. En l’occurrence, la production reste généralement inférieure de 8 à 9 % par rapport à sa trajectoire d’avant-crise [Cerra et Saxena, 2008 ; FMI, 2009 ; Reinhart et Rogoff, 2009].