En 2020, l’économie mondiale a connu la plus forte contraction qu’elle ait subie depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans son sillage, les gouvernements ont adopté des mesures de soutien budgétaire sans précédent. Avec la récession et les mesures budgétaires, la dette publique mondiale a connu la plus forte hausse sur une année qu’elle ait connue depuis au minimum 1970. En conséquence, elle a atteint 90 % du PIB, soit le niveau le plus élevé qu’elle ait atteint depuis au minimum un demi-siècle. Dans les pays développés, la dette publique n’avait également pas atteint un niveau aussi élevé (en l’occurrence 123 % du PIB) au cours de ces cinq dernières décennies ; dans les pays en développement, elle a retrouvé un niveau qu’elle n’avait plus atteint depuis 1987 (cf. graphique 1).
Graphique 1. Dette publique (en % du PIB) Ayhan Kose, Peter Nagle, Franziska Ohnsorge et Naotaka Sugawara (2021) ont étudié le comportement de l’endettement public lors des précédentes récessions mondiales. Avant qu’éclate la crise épidémique, l’économie mondiale avait essuyé quatre récessions mondiales ces sept dernières décennies, en l’occurrence en 1975, en 1982, en 1991 et en 2009 (Kose et alii, 2020). Par le passé, la dette publique mondiale a toujours augmenté suite à chacun de ces épisodes. Au cours des cinq années qui suivirent chaque récession mondiale, la dette publique mondiale a augmenté de 4 à 15 points de pourcentage de PIB, en l’occurrence de 4 points de PIB entre 1975 et 1980, de 15 points de pourcentage entre 1982 et 1987, de 9 points de pourcentage entre 1991 et 1996 et de 4 points de pourcentage entre 2009 et 2014 (cf. graphique 2).
Graphique 2. Evolution de la dette publique mondiale suite à une récession mondiale (en indices, base 100 = t) La dette publique a également eu tendance à être plus élevée après les récessions mondiales dans la majorité des pays. Cinq ans après le début d’une récession mondiale, les deux tiers des pays ont un niveau de dette publique plus élevé ou similaire qu’au pic de l’activité. C’est la récession mondiale de 1991 qui a fait augmenter la dette publique dans le moins de pays ; c’est celle de 1982 qui a fait augmenter la dette publique dans le plus de pays.
Graphique 3. Evolution de la dette publique dans les pays développés suite à une récession mondiale (en indices, base 100 = t) En général, les pays développés ont connu des hausses significatives de leur dette publique après les récessions mondiales : leur dette publique avait augmenté de 3 à 14 points de pourcentage lors des quatre récessions mondiales qui précédèrent la crise épidémique (cf. graphique 3). Dans les pays émergents, par contre, l’évolution de la dette publique a été bien plus erratique suite à une récession mondiale : elle a pu parfois diminuer, mais lorsqu’elle a augmenté, elle a pu augmenter bien plus amplement qu’elle n’a eu tendance à le faire dans les pays développés (cf. graphique 4).
Graphique 4. Evolution de la dette publique dans les pays émergents suite à une récession mondiale (en indices, base 100 = t) Bien sûr, la récession pandémique apparaît particulièrement singulière, ne serait-ce que lorsque l’on regarde ses causes ou l’ampleur de la contraction de l’activité et du subséquent rebond. Mais l’observation des précédentes récessions mondiales suggère qu’il n’est guère probable que la dette publique mondiale soit revenue cinq ans après le début de la pandémie de Covid-19 à son niveau d’avant-crise.
Références