mercredi 1 décembre 2021

Etats-Unis : le reflux du chômage pandémique au regard des précédentes reprises

Au cours des dix reprises de l’emploi observées au cours de la période allant de 1949 à 2019, le taux de chômage a eu tendance à baisser régulièrement aux Etats-Unis. En l’occurrence, lors de ces épisodes de reprise observés après 1960, le chômage a eu tendance à refluer au rythme de 10 % par an (cf. graphique 1). Cette observation est d’autant plus surprenante que les hausses initiales du chômage n’ont jamais été provoquées par le même choc : par exemple, la récession de 1981 avait été provoquée par le resserrement de la politique monétaire américaine, tandis que la Grande Récession de 2007 a résulté de l’éclatement d’une bulle immobilière et d’une crise financière. Cette régularité historique a amené Robert Hall et Marianna Kudlyak (2021a) à qualifier d’« inexorables » les reprises de l’emploi aux Etats-Unis. 

Graphique 1. Trajectoires du logarithme du taux de chômage américain lors des reprises

La variation du chômage aux Etats-Unis a été particulièrement forte lors de la pandémie de Covid-19. Le taux de chômage américain a brutalement augmenté, puis rapidement diminué : entre février et avril 2020, il est passé de 3,5 % à 14,8 %. Au cours des sept mois suivants, il a diminué de 8 points de pourcentage, c’est-à-dire bien vite que lors de la reprise consécutive à la Grande Récession de 2007-2009 : suite à la crise financière, il fallut dix ans pour que le chômage baisse de 6,5 points de pourcentage. Ensuite, à partir de novembre 2020, la baisse du chômage s’est poursuivie, mais plus lentement.

Graphique 2. Chômage dû à des licenciements temporaires et reste du chômage (en %)

Hall et Kudlyak (2021b) estiment que l’évolution du chômage lors de la pandémie ne remet pas en cause la régularité qu’ils avaient observée dans le cas des précédentes reprises, du moins une fois prise en compte la variation sans précédent des licenciements temporaires. En effet, c’est le chômage occasionné par les licenciements temporaires qui a explosé au printemps 2020 (cf. graphique 2). Les travailleurs concernés sont (par définition) rapidement retournés à l’emploi ; généralement, ils ont repris leur emploi initial. 

Graphique 3. Le chômage dû à des motifs autres que des licenciements temporaires (en %)

La résorption du chômage associé aux licenciements temporaires explique entièrement le déclin du taux de chômage observé entre avril et novembre 2020, mais guère après. Au cours de cette période, le taux de chômage lié à des motifs autres que des licenciements temporaires a augmenté. En l’occurrence, celui-ci a continué d’augmenter jusqu’en novembre 2020. Depuis lors, le reflux du chômage dû à des motifs autres que des licenciements temporaires a été plus rapide qu’au cours des précédentes reprises (cf. graphique 3).

 

Références

HALL, Robert E., & Marianna KUDLYAK (2021a), « The inexorable recoveries of US unemployment », Federal Reserve Bank of San Francisco, working paper, n° 2021-20.

HALL, Robert E., & Marianna KUDLYAK (2021b), « Why has the U.S. economy recovered so consistently from every recession in the past 70 years? », NBER Macroeconomics Annual 2021, vol. 36. 

HALL, Robert E., & Marianna KUDLYAK (2021c), « Comparing pandemic unemployment to past U.S. recoveries », Federal Reserve Bank of San Francisco, Economic Letter, n° 2021-33.