Après plusieurs décennies de globalisation financière et d’« hypermondialisation » au cours desquelles le volume d’échanges internationaux de biens et services a augmenté plus vite que la production mondiale, la crise financière mondiale de 2008 a durablement freiné l’expansion du commerce international. La décennie qui suivit fut marquée par les craintes de guerres commerciales et de guerres des monnaies, ainsi que par la montée des mouvements populistes à travers le monde. Avec la pandémie de Covid-19 et les appels à relocaliser certaines productions, notamment celles jugées stratégiques, certains ont de nouveau suggéré que l’actuelle vague de mondialisation venait peut-être d’arriver à son terme, qu’un processus de démondialisation allait désormais s’opérer (Antràs, 2020). Mais pour l’instant, il ne semble pas qu’un renversement de la mondialisation, commerciale comme financière, se soit vraiment amorcé.
dimanche 28 novembre 2021
La grippe espagnole a-t-elle mis fin à la première mondialisation ?
samedi 27 novembre 2021
La pandémie de Covid-19, un puissant choc pour les économies dépendantes du tourisme
Les recettes et dépenses mondiales dans les services de voyages internationaux s’élevaient à environ 1.450 milliards de dollars en 2019 ; elles avaient augmenté d’environ 5 % par an en moyenne depuis le début de la décennie 2010. Elles représentaient 23 % de l’ensemble des exportations mondiales de services en 2019 (cf. graphique 1).
vendredi 26 novembre 2021
Les crises financières radicalisent-elles les électeurs ? Ce que l’arrivée d’Hitler au pouvoir doit à la crise bancaire allemande
La crise financière mondiale de 2008, puis la montée des mouvements populistes à travers le monde, ont renouvelé l’intérêt des chercheurs pour les crises financières, pour leurs causes, mais aussi pour leurs répercussions « réelles », notamment leurs conséquences politiques. Plusieurs études ont notamment relié l’essor des partis d’extrême-droite aux crises financières (De Bromhead et alii, 2013 ; Funke et alii, 2016).
samedi 20 novembre 2021
Quel est l’effet des annonces de politique monétaire sur le cours du Bitcoin ?
Les cryptodevises ne se sont vraiment développées que dans les tumultes de la crise financière mondiale. C’est en l’occurrence le cas du Bitcoin, lancé en 2009. Celui-ci se singularise par le fait qu’il relève d’un système de paiement peer-to-peer qui ne dépend pas des institutions financières traditionnelles, mais aussi par le fait que l'offre de bitcoins est limitée et sa croissance prédéterminée. Ses partisans estiment ainsi qu’il joue un rôle de refuge contre les politiques monétaires jugées inflationnistes des différentes banques centrales, un peu comme l’équivalent d’un « or numérique ».
vendredi 19 novembre 2021
Le cycle électoral influe-t-il sur la fiscalité ?
Selon la description qu’en font les théoriciens du choix public, les gouvernants en place auraient tendance à mettre en œuvre des politiques budgétaires expansionnistes avant les élections et à repousser les mesures budgétaires impopulaires comme les hausses d’impôts après les élections afin de maximiser leurs chances de réélections. Autrement dit, le calendrier même des élections affecterait la conjoncture : il y aurait un véritable « cycle d’affaires politique » (Nordhaus, 1975 ; Rogoff et Sibert, 1988 ; Rogoff, 1990).
lundi 15 novembre 2021
Crédit, récessions et inégalités
Plusieurs travaux suggèrent que les inégalités de revenu tendent à exacerber le risque ou l'ampleur d'événements comme les récessions et les crises financières. Après avoir noté que la Grande Dépression des années 1930 et la Grande Récession de 2008 avaient toutes deux été précédées par une hausse des inégalités de revenu, Michael Kumhof et alii (2021) ont montré qu’une telle dynamique de la répartition des revenus était susceptible d’alimenter le risque d’instabilité financière, notamment en incitant les ménages à bas revenus et les classes moyennes à s’endetter. De leur côté, Emanuel Kohlscheen et alii (2021) ont montré que les inégalités de revenu tendaient à aggraver les récessions.
samedi 13 novembre 2021
Pénalité salariale des mères : la faute à la maternité, à la grossesse ou au mariage ?
Plusieurs études ont montré que l’arrivée du premier enfant était suivie chez les femmes par une baisse de leur taux d’activité, de leur temps de travail et de leur rémunération, et ce dans de nombreux pays (Kleven et alii, 2019b ; Kleven et alii, 2019a ; Kleven et alii, 2020 ; Meurs et Pora, 2019). Par exemple, en utilisant les données relatives à 29 pays, Inés Berniell et alii (2021a) ont conclu que le taux d’activité des femmes chutait en moyenne de 25 % après la naissance du premier enfant.
dimanche 7 novembre 2021
Un découplage entre salaires et productivité au Royaume-Uni ?
A long terme, au niveau agrégé, la croissance des rémunérations réelles tend à suivre celle de la productivité. Si le partage de la valeur ajouté est constant, une croissance donnée de la productivité devrait s’accompagner d’une croissance similaire des salaires réels. Si, par contre, la productivité croît plus vite que les salaires, cela signale une déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment du travail.
samedi 6 novembre 2021
Banques centrales et inégalités : quelle est la politique monétaire optimale selon HANK ?
Avant la Grande Récession, la politique monétaire était souvent étudiée à travers des modèles nouveaux keynésiens à agent représentatif (representative agent new Keynesian models ou RANK models). De tels modèles suggéraient qu’il est optimal pour la banque centrale de chercher à stabiliser les prix et à maintenir la production à un niveau efficient (Woodford, 2003). En l’occurrence, ils ont même suggéré, au prix d’hypothèses très restrictives, qu’il n’y a pas d’arbitrage entre inflation et écart de production, si bien que la banque centrale peut se contenter de cibler l’inflation : le seul maintien de l’inflation à sa cible implique alors de facto un maintien de la production à son potentiel, un résultat qu’Olivier Blanchard et Jordi Galí (2007) ont qualifié de « divine coïncidence ».