Les recettes et dépenses mondiales dans les services de voyages internationaux s’élevaient à environ 1.450 milliards de dollars en 2019 ; elles avaient augmenté d’environ 5 % par an en moyenne depuis le début de la décennie 2010. Elles représentaient 23 % de l’ensemble des exportations mondiales de services en 2019 (cf. graphique 1).
Graphique 1. Exportations mondiales de services (en % du PIB mondial)
La pandémie de Covid-19 a provoqué un puissant choc pour le tourisme : à partir de mars 2020, les restrictions à la mobilité imposées par les gouvernements pour freiner la propagation du coronavirus et les changements spontanés dans le comportement des individus ont entraîné un effondrement des déplacements internationaux et des activités touristiques. La baisse des exportations mondiales de services observée en 2020 s’explique ainsi essentiellement par la chute des voyages internationaux (cf. graphique 1).
Malheureusement, comme le rappelle Gian Maria Milesi-Ferretti (2021) dans un récent document de travail, certains pays sont très dépendants du tourisme international et des revenus qu’ils en tirent. En l'occurrence, les services de tourisme peuvent contribuer significativement au solde de leur balance des paiements. Par exemple, sur la période allant de 2015 à 2019, le surplus des services de voyages représentait en moyenne l’équivalent de 15 % du PIB pour la Croatie, 8 % pour la République dominicaine et la Thaïlande, 7 % pour la Grèce ou encore 5 % pour le Portugal. La majorité des économies pour lesquelles le tourisme et les voyages procurent une part substantielle des recettes externes nettes sont des petites îles dans les Caraïbes, le Pacifique et l’Océan indien. Pour ces économies très dépendantes du tourisme, les recettes nettes moyennes tirées du tourisme étranger dépassaient les 26 % du PIB. C’est particulièrement le cas pour Macao, dont les revenus nets tirés des voyages et du tourisme représentaient 68 % du PIB sur la période allant de 2015 à 2019.
Selon les estimations de Milesi-Ferreti, le choc provoqué par la pandémie de Covid-19 a entraîné une chute des recettes nettes tirées des voyages internationaux équivalente à 10 % du PIB pour l'économie très dépendante du tourisme médiane. En l’occurrence, ce choc a entraîné une forte détérioration du compte courant pour les pays dépendants du tourisme international : toujours pour l’économie très dépendante du tourisme médiane, le solde courant s’est détérioré de l’équivalent de 5 % du PIB. La détérioration de la balance des comptes courantes provoquée par l'effondrement du tourisme a en partie été compensée par l’amélioration de la balance des biens, tenant notamment à la baisse des prix du pétrole, à la baisse des importations d’intrants nécessaires pour le secteur du tourisme, comme les importations de produits alimentaires, et à la contraction de la demande domestique.
Graphique 2. Dépendance au tourisme et révisions des prévisions de croissance pour 2020 Les économies les plus dépendantes du tourisme international tendent à être celles qui ont le plus souffert de la pandémie. Milesi-Ferretti estime que la part des activités de tourisme dans le PIB est le plus important indicateur avancé de la chute de la croissance observée en 2020, et ce même lorsqu’il contrôle une variété d’indicateurs de sévérité de la pandémie, comme le nombre de morts par million d'habitants ou la sévérité des mesures de confinement : relativement aux prévisions de croissance des Perspectives de l’économie mondiale du FMI en janvier 2020, la prévision de la croissance du PIB d’un pays donné en 2020 a eu tendance à être d’autant plus révisée à la baisse que les recettes tirées du tourisme représentaient une part importante de son PIB (cf. graphique 2).
Référence
MILESI-FERRETTI, Gian Maria (2021), « The travel shock », CEPR, discussion paper, n° 16738.