En 2020, aux premiers temps de l’épidémie de Covid-19, les comportements de distanciation physique et les mesures de confinement ont provoqué aux Etats-Unis, comme dans bien d'autres pays, une contraction la consommation. Parallèlement, le revenu disponible s’est fortement accru, notamment sous l’effet des puissantes mesures de soutien budgétaire : en 2020 et 2021, les administrations Trump et Biden ont injecté l’équivalent de 5.000 milliards de dollars dans l’économie américaine. Il s’agit de la plus forte hausse des dépenses publiques discrétionnaires qui ait été observée aux Etats-Unis lors des récessions de ces cinq décennies (cf. graphique 1).
Il en a résulté une forte hausse de l’épargne des ménages américains : celle-ci a non seulement dépassé sa tendance prépandémique, mais elle aussi été bien plus ample qu’au cours des précédentes récessions (cf. graphique 2). D’après les estimations de Hamza Abdelrahman et Luiz Oliveira (2023), l’excès d’épargne s’est accumulé jusqu’au mois d’août 2021 et a atteint au maximum les 2.100 milliards de dollars (cf. graphique 3).
A partir du mois d’août 2021, les ménages américains ont au contraire épargné moins qu’ils ne faisaient avant la pandémie : ils ont commencé à puiser dans leur surépargne (Blot, 2023). Abdelrahman et Oliveira estiment que le montant de cette désépargne a atteint les 1.600 milliards de dollars. Autrement dit, un large montant de l’excès d’épargne n’a pas encore été dépensé ; il s’élève à 500 milliards de dollars. Les ménages, notamment ceux en bas de la répartition, continuent d’avoir bien plus de liquidités qu’ils n’en avaient avant la pandémie.
Abdelrahman et Oliveira estiment que les prélèvements dans l’excès d’épargne devraient continuer à soutenir les dépenses des ménages jusqu’au troisième trimestre 2023, ce qui devrait contrer une partie des effets du resserrement monétaire de la Fed et contribuer à alimenter les pressions inflationnistes, mais cette prévision est très incertaine. En effet, il n’est pas à exclure que la pandémie ait amené les ménages américains à nourrir une préférence plus forte pour l’épargne.
Références