Les dettes publiques ont connu de fortes hausses suite à la crise financière mondiale il y a une quinzaine d’années, puis, plus récemment, avec l’épidémie de Covid-19. La pandémie a également été suivie par une forte hausse de l’inflation, si bien que certains y voient une occasion pour que la dette publique diminue sans que le gouvernement ait eu à adopter des mesures de consolidation budgétaire.
Or, il n’est pas établi que l’inflation réduise forcément la dette publique. Certes, elle peut accroître les recettes fiscales et éroder le montant nominal de la dette publique. Mais d’un autre côté, elle peut conduire à la hausse de certaines dépenses et à une remontée des taux d'intérêt nominaux.
Dans un nouveau document de travail du FMI, Daniel Garcia-Macia (2023) a cherché à estimer les effets nets de l’inflation sur les variables fiscales. Pour cela, il a utilisé des données de fréquence trimestrielle relatives à un large ensemble de pays pour une période s’étendant sur plusieurs décennies.
Il constate que les hausses de l’inflation tendent à améliorer les soldes budgétaires : une hausse d’un point de pourcentage du taux d’inflation des prix à la consommation se traduit par une amélioration du solde budgétaire allant jusqu’à 0,5 % du PIB et l’effet atteint son pic dans les deux trimestres qui suivent le choc. Cette amélioration des soldes budgétaires est temporaire dans la mesure où le montant nominal des recettes suit l’évolution des prix et où le montant nominal des dépenses primaires ne varie que graduellement. En effet, certaines dépenses publiques sont plafonnées. En outre, les paiements d’intérêt augmentent lentement dans la mesure où une grande partie de la dette est à taux fixe et a une longue maturité.
Garcia-Macia note aussi que les pics d’inflation entraînent une réduction durable des ratios dette publique sur PIB : une hausse d’un point de pourcentage de la croissance du déflateur du PIB est associée à une baisse cumulée du ratio dette publique sur PIB de 0,2 points de pourcentage en moyenne (cf. graphique). L’effet tend à être d’autant plus fort que la dette publique est importante : pour les pays avec la dette publique représente plus de 50 % du PIB, une hausse d’un point de pourcentage de la croissance du déflateur du PIB est associée à une baisse cumulée du ratio dette publique sur PIB de 0,6 points de pourcentage. La réduction du ratio dette publique sur PIB tient, d’une part, à l’amélioration du solde primaire et, d’autre part, à la hausse de son dénominateur, à savoir le PIB.
Cela dit, Garcia-Macia estime que la dette publique ne diminue qu’avec les hausses surprises de l’inflation. Les hausses de l’inflation n’entraînent pas d’amélioration des variables fiscales lorsqu’elles sont anticipées, notamment parce qu’elles amènent les marchés à exiger des taux d’intérêt plus élevés ou entraînent à des revalorisations de certaines dépenses publiques.
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