En 1788, une sécheresse a touché la France et entraîné de mauvaises récoltes. Le prix des céréales a explosé et une famine éclata. Plusieurs historiens ont suggéré que la sécheresse a pu alimenter les révoltes au cours de l’année suivante et, ainsi, participer aux débuts de la Révolution française (Lefebvre, 1932 ; Le Roy Ladurie, 1967 ; Neumann, 1977 ; Neumann et Dettwiller, 1990). En effet, durant l’été 1789, juste avant que ne commence la nouvelle récolte, les paysans, affamés, se sont soulevés contre les propriétaires terriens. Ils étaient scandalisés à l’idée d’avoir à leur payer des impôts, qu’ils jugeaient excessifs, alors même que ceux-ci étaient exonérés de tout impôt.
Maria Waldinger (2023) a cherché à tester économétriquement cette hypothèse. Pour ce faire, elle a étudié les données relatives à la sévérité de la sécheresse et les soulèvements paysans l’année suivante au niveau des cantons. Elle constate que les localités qui ont été les plus affectées par la sécheresse ont eu davantage tendance à connaître des révoltes paysannes contre le système féodal. En l’occurrence, la sécheresse contribue tout particulièrement à expliquer les premières révoltes, celles qui se sont ensuite propagées au reste de la France.
Waldinger a ensuite cherché par quel mécanisme la sécheresse a pu affecter les révoltes paysannes. En étudiant les cahiers de doléances rédigés en mai 1789, c’est-à-dire après la sécheresse, mais juste avant que ne s’amorce vraiment la Révolution, elle constate que les zones qui ont été les plus affectées par la sécheresse ont exprimé un plus fort désir de changement institutionnel, par exemple en appelant au retrait de certains privilèges de la noblesse, à la tenue d’élections municipales libres et à la création d’une presse libre.
Post-scriptum : Paul Maneuvrier-Hervieu se montre très critique vis-à-vis des données que l'auteur utilise, en particulier pour les révoltes paysannes.
Références
LE ROY LADURIE, Emmanuel (1967), L’Histoire du climat depuis l’an mil, éditions Flammarion.
LEFEBVRE, Georges (1932), La Grande Peur de 1789, éditions Félix Alcan.