samedi 31 juillet 2021

Comment s’ajuste le compte courant dans le sillage d’une récession ?

Christina Kolerus (2021) a étudié la dynamique des comptes externes au cours de 278 épisodes de récession qui ont été enregistrés au cours de ces 60 dernières années. Son analyse montre que les récessions sont suivies d’une amélioration durable du compte courant : le solde courant s’améliore de l’équivalent d’environ 1,5 % du PIB au cours de la première année et cet effet se maintient pendant cinq ans avant de se dissiper (cf. graphique). L’amélioration est initialement provoquée par une chute ample et durable de l’investissement ; dans l’immédiat, la politique budgétaire contracyclique tend à faire réduire l’épargne agrégée, mais celle-ci est stimulée à moyen terme par le désendettement, notamment du secteur privé. Ces dynamiques ont en effet tendance à réduire les importations en déprimant la demande intérieure. 

Variation du solde du compte courant après une récession (en % de PIB)

Kolerus note également que ces effets sont plus durables dans les pays développés que dans les pays en développement. En outre, l’amélioration du compte courant est davantage prononcée en présence de déséquilibres internes et externes, en l’occurrence si le niveau de dette publique ou privée est élevé avant la récession ou si le pays connaissait un déficit durable du compte courant ou un niveau élevé de dette externe. L’amélioration est moindre quand les récessions sont synchrones entre les pays, dans la mesure où les exportations chutent en tandem avec les importations en raison de la chute de la demande mondiale.

Par contre, durant les récessions associées à des désastres ou des épidémies, les comptes courants ont tendance à se dégrader à court terme. Ce fut notamment le cas de la récession associée à la pandémie de Covid-19, qui n’a pas été précédée par la formation d’amples déséquilibres et qui a été extrêmement synchronisée au niveau mondial. En moyenne, les soldes courants des économies qui se retrouvèrent en récession n’ont globalement pas changé. La pandémie a en effet été singulière sur le plan de l’intervention publique : le creusement des dettes publiques a plus que compensé la hausse de l’épargne privée.


Référence

KOLERUS, Christina (2021), « What shapes current account adjustment during recessions? », FMI, working paper, n° 21/198.