La majorité des économistes s’accordent pour considérer que la taxation des émissions de gaz à effet de serre constitue l’instrument le plus efficace pour (tenter de) concilier la poursuite de la croissance économique avec le ralentissement du changement climatique. L’idée remonte à Arthur Ceci Pigou (1920) et elle a notamment été développée par Martin Weitzman (1974), Nicholas Stern (2007) et William Nordhaus (2019). Pour autant, il y a peu d’analyses empiriques cherchant à évaluer l’efficacité ex post de ce dispositif [Green, 2021]. L’une des raisons est tout simplement que peu de pays taxent effectivement les émissions de gaz à effet de serre : la Finlande a été le premier pays à adopter une taxe carbone, en l’occurrence en 1990.
Torben Mideksa (2021) a utilisé l’approche de contrôle synthétique pour déterminer dans quelle mesure l’adoption de la taxe carbone par la Finlande a réduit les émissions de carbone de cette dernière. En l’occurrence, il a constitué un échantillon de pays de l’OCDE (un « pool de donneurs ») qui n’ont pas taxé les émissions de carbone en le constituant de telle façon que les émissions de carbone épousent la même trajectoire que celles de la Finlande avant que celle-ci n’adopte sa taxe carbone ; la trajectoire ultérieure des émissions de ce groupe de contrôle correspond au scénario contrefactuel. En outre, Mideksa se focalise sur les émissions du seul secteur du transport. Un tel choix lui permet notamment de contourner un redoutable problème que pose une telle analyse : lorsqu’un pays adopte une taxe carbone, une partie de ses activités polluantes sont délocalisées, ce qui amène à surestimer l’impact de la taxe carbone sur les émissions polluantes de ce pays.
Graphique. Emissions de carbone par tête Au terme de son analyse, Mideksa conclut que la taxe carbone a significativement réduit les émissions polluantes en Finlande. Suite à l’adoption de la taxe, les émissions de carbone se sont stabilisées en Finlande, alors qu’elles ont fortement augmenté dans le scénario contrefactuel. En l’occurrence, relativement aux émissions contrefactuelles, les émissions finlandaises sont 16 % faibles en 1995, 25 % plus faibles en 2000 et 31 % plus faibles en 2005.
Références
PIGOU, Arthur C. (1920), The Economics of Welfare, Macmillan.
STERN, Nicholas (2007), The Economics of Climate Change: The Stern Review, Cambridge University Press.