Peter Andre, Teodora Boneva, Felix Chopra et Armin Falk (2021) ont cherché à déterminer quelle est la disposition individuelle à combattre le changement climatique, c’est-à-dire la disposition à adopter un comportement plus favorable à la préservation du climat, mais susceptible de se révéler coûteux dans l’immédiat. Pour cela, ils se sont appuyés sur un large échantillon représentatif de la population adulte aux Etats-Unis composé de 8.000 individus. Pour éliciter la disposition individuelle à combattre le réchauffement climatique, ils ont demandé à chaque répondant de partager 450 dollars entre lui-même et une organisation caritative impliquée dans cette lutte.
Andre et ses coauteurs ont ensuite cherché à déterminer dans quelle mesure les préférences économiques, les valeurs morales et les croyances relatives aux normales sociales façonnent la disposition individuelle à lutter contre le changement climatique. Pour mesurer l’importance des normes sociales (perçues), ils ont demandé aux répondants d’estimer, d’une part, la part de la population américaine qui cherche à lutter contre le changement climatique et, d’autre part, la part de la population américaine pensant que la population doit essayer de combattre le changement climatique. Pour éliciter les préférences économiques, Andre et ses coauteurs ont appliqué un sondage cherchant à mesurer la patience, la disposition à prendre des risques, l’altruiste, la confiance, la réciprocité positive et la réciprocité négative. Enfin, pour mesurer l’importance relative des valeurs universelles relativement aux valeurs communautaires, ils ont appliqué le Questionnaire sur les Fondations Morales.
Au terme de leur analyse, Andre et ses coauteurs constatent que la disposition individuelle à combattre le changement climatique apparaît fortement hétérogène. Les préférences individuelles sont étroitement liées aux normes sociales perçues, aux préférences économiques et aux valeurs morales universelles. En l’occurrence, une hausse équivalente à l’écart-type de la part perçue des Américains essayant de lutter contre le réchauffement climatique est associée à une hausse de 12 dollars du montant qu’un individu est prêt à donner, tandis qu’une hausse de la même ampleur de la part perçue des Américaines pensant que la population doit essayer de lutter contre le changement climatique est associée à une hausse de 14 dollars du don. Autrement dit, les répondants apparaissent d’autant plus enclins à s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique qu’ils pensent qu’une part importante de leurs concitoyens s’implique dans cette lutte ou juge nécessaire de se lancer dans cette lutte. En termes de préférences économiques, la patience, l’altruisme et la réciprocité positive favorisent le don. Quant au rôle des valeurs, il apparaît que les individus adhérant aux valeurs morales universelles sont bien plus enclins à lutter contre le changement climatique que ceux présentant des valeurs communautaires. En définitive, l’altruisme, la réciprocité positive et l’universalisme moral constituent de puissants prédicteurs de la disposition individuelle à lutter contre le changement climatique.
En poursuivant leur analyse, Andre et ses coauteurs détectent un biais systématique dans les perceptions des normes sociales prévalentes : les répondants sous-estiment la part de la population qui s’implique dans la lutte contre le changement climatique et la part des Américains qui pensent que la population doit essayer de lutter contre celui-ci. La fourniture d’une information correcte accroît la volonté individuelle de combattre le changement climatique, ainsi que le soutien individuel en faveur des politiques climatiques, par exemple l'investissement vert, la réglementation environnementale ou la taxe carbone. Les effets sont les plus prononcés parmi les individus qui se déclarent sceptiques à propos de l’existence du changement climatique et du danger que représente ce dernier.
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