La Russie a fait l’objet de sanctions internationales d’une ampleur sans précédent depuis février 2022. Elle s’était déjà vue infliger des sanctions dès 2014, suite à l’annexion de la Crimée. Ces sanctions, d’ordre économique, visent à affaiblir l’économie pour affaiblir politiquement le régime en place et le contraindre ainsi à revenir sur ses choix géopolitiques. Si les répercussions économiques de telles sanctions ont été l’objet de plusieurs travaux, notamment d’une étude de Dzhamilya Nigmatulina (2022) dans le cas des sanctions de 2014, leurs effets politiques restent peu étudiés. Robert Gold, Julian Hinz et Michele Valsecchi (2023) ont précisément cherché à déterminer quelles ont été les répercussions des sanctions de 2014 sur le soutien en faveur du régime de Poutine.
D’un côté, ils ont évalué les pertes commerciales occasionnées par les sanctions sur les différentes régions russes. De l’autre, ils se sont appuyés sur les résultats aux élections nationales pour observer l'évolution du soutien en faveur au régime. En l’occurrence, ils ont étudié les résultats obtenus par les partis et les candidats participant aux élections nationales tenues entre 2007 et 2018 en les répartissant en six catégories. Ainsi, ils ont pu différencier l’effet que les sanctions ont pu avoir sur le soutien en faveur du gouvernement, en l’occurrence les parts de suffrages en faveur de Poutine et de son parti, la « Russie unie », de l’effet que les sanctions ont pu avoir sur les différents partis d’opposition.
Il apparaît que Poutine et son parti ont vu leurs parts des suffrages d'autant plus augmenter lors des élections parlementaires et présidentielles dans une région que celle-ci était exposée aux sanctions internationales. En réaction à ces dernières, les parts de suffrage obtenues par les partis communistes et, dans une moindre mesure, les partis nationalistes ont décliné, tandis que celles en faveur des autres partis d’opposition, notamment le parti libéral, sont restées relativement stables. Par contre, les sanctions ne semblent pas avoir eu d’effet significatif sur la participation. Dans la mesure où le parti communiste a développé un programme nationaliste lors des campagnes, il est ainsi fort probable que des électeurs nationalistes qui votaient initialement en faveur du parti communiste se sont tournés vers le parti au pouvoir suite à l’adoption des sanctions.
Références