La crise financière mondiale de 2008 et la pandémie de Covid-19 qui éclata en 2020 ont été suivies par les plus fortes hausses des ratios dette publique sur PIB enregistrées après la Seconde Guerre mondiale. Au cours de « l’interlude », long d’une décennie, entre ces deux événements, les ratios d’endettement public sont restés en moyenne stables, voire ont eu tendance à augmenter. Par conséquent, la crise sanitaire les a envoyés à des niveaux plus élevés que ceux atteints au lendemain de la crise financière.
Xuehui Han, Paolo Mauro et John Ralyea (2023) ont décomposé les variations des ratios d’endettement public de façon à voir les contributions de la croissance économique, des coûts en intérêts, des mesures budgétaires et d’autres facteurs. En l’occurrence, ils ont comparé les dynamiques macroéconomiques et budgétaires qui ont été observées lors des deux crises avec celles qui ont été prévues juste avant que les analystes ne saisissent pleinement l’ampleur de la crise à venir.
Au cours des deux crises, la hausse (non anticipée) des ratios d’endettement s’explique essentiellement par le fait que la production ait été bien plus faible que ce qui était anticipé. Les mesures budgétaires expliquent aussi une part significative de la hausse des ratios d’endettement au cours des deux épisodes, en particulier pour les pays développés. Même si les mesures annoncées ont été plus amples durant la pandémie, le montant des mesures mises en œuvre a été similaire au cours des deux crises.
Han et ses auteurs ont également étudié la période entre 2010 et 2019, bornée par les deux crises. Ils ont comparé les dynamiques macroéconomiques et budgétaires qui ont été observées entre 2010 et 2019 avec les prévisions faites en 2010 et avec celles prévues par le FMI, lorsque ce dernier préconisait un retour graduel des ratios d’endettement aux niveaux enregistrés avant la crise financière.
Contrairement aux préconisations du FMI, les ratios d’endettement n’ont pas diminué. D’un côté, les pays ont bénéficié de paiements d’intérêts plus faibles que prévu, ce qui a eu tendance à contenir l’endettement. Mais de l’autre, la croissance économique s’est révélée plus faible qu’attendu, ce qui a eu au contraire tendance à contenir le désendettement, en particulier dans les pays les plus affectés par la crise de la zone euro.
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