samedi 16 septembre 2023

Sept faits stylisés sur les chocs d’inflation

Après deux décennies d’inflation faible et stable, l'économie mondiale connaît un choc d’inflation depuis 2021, avec les perturbations provoquées par la pandémie de la Covid-19, puis par le conflit russo-ukrainien. En 2022, le taux d’inflation moyen s’est élevé à plus de 8 % dans les pays de l’OCDE, atteignant un niveau qui n’avait plus été observé depuis 1984 ; dans les pays émergents et en développement, il s’est rapproché des deux chiffres pour la première fois depuis les années 1990.

Dans un nouveau document de travail du FMI, Anil Ari, Carlos Mulas-Granados, Victor Mylonas, Lev Ratnovski et Wei Zhao (2023) ont identifié 100 épisodes de chocs d’inflation en étudiant un échantillon de 56 pays depuis les années 1970. 60 d’entre eux se sont produits entre 1973 et 1979, en lien avec les chocs pétroliers ; ils ont été associés à une hausse des prix des produits de base, à des chocs sur les termes de l’échange et à des chocs d’offre. Les autres épisodes identifiés ont eu des causes diverses, par exemple une hausse de la demande globale ou une ample dépréciation du taux de change. 

Ari et ses coauteurs ont tiré sept faits stylisés de l’analyse de ces épisodes. (i) Tout d’abord, l’inflation se révèle persistante. Dans 60 % des épisodes observés, l’inflation était revenue à son niveau initial cinq ans après le début du choc ; parmi ces cas, le retour de l’inflation à son niveau initial a pris en moyenne plus de trois ans. En l'occurrence, l’inflation s’est révélée particulièrement persistante après les chocs sur les termes de l’échange.

(ii) La plupart des épisodes où l’inflation n’est pas revenue à son niveau initial ont été marqués par des « célébrations prématurées » : l’inflation a certes décliné à partir d’un certain moment, mais ensuite elle s’est maintenue à un plateau à un niveau élevé ou bien elle a accéléré de nouveau, notamment parce que la baisse initiale a amené les autorités à assouplir leur politique économique.

En comparaison avec les autres pays, les pays pour lesquels le taux d’inflation est revenu à son niveau initial (iii) ont adopté une politique monétaire relativement plus restrictive et peut-être même une politique budgétaire plus restrictive ; (iv) ils ont maintenu durablement leurs politiques restrictives ; (v) ils ont réussi a contenir la dépréciation de leur taux de change ; (vi) ils ont connu une plus faible croissance des salaires nominaux, ce qui n’implique pas forcément qu’ils aient connu une plus faible croissance des salaires réels dans la mesure où la moindre croissance des salaires nominaux a coïncidé avec une moindre inflation ; (vii) enfin, ils ont certes connu une croissance plus faible et un chômage plus élevé à court terme, mais pas des pertes de production, d’emploi ou de salaires réels plus importantes sur la fenêtre des cinq ans suivants le début du choc, ce qui suggère que les bénéfices de la moindre instabilité des prix a fini par plus que compenser les coûts directs du resserrement monétaire sur l’activité économique.


Références

ARI, Anil, Carlos MULAS-GRANADOS, Victor MYLONAS, Lev RATNOVSKI & Wei ZHAO (2023), « One hundred inflation shocks: Seven stylized facts », FMI, working paper, n° 23/190.