La pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires adoptées pour contenir celles-ci ont fortement déprimé l’activité économique, à la fois via l’offre et la demande. Pour amortir cet impact, les gouvernements ont adopté des mesures de soutien budgétaire sans précédent ; leur montant n’a toutefois pas été le même d’un pays à l’autre et les pays en développement n’ont pu guère en adopter (cf. graphique).
Francois de Soyres, Ana Maria Santacreu et Henry Young (2022a, 2022b) ont étudié le lien entre dépenses budgétaires et activité économique durant la pandémie. Ils ont tout d’abord cherché à estimer l’impact du soutien budgétaire sur l’activité économique. Certes, les vagues épidémiques et les variations subséquentes de la mobilité ont été les principaux facteurs derrière les variations de l’activité économique en 2020 et en 2021, mais de Soyres et ses coauteurs soulignent que les mesures budgétaires ont affecté la réponse de la consommation et de la production aux variations de la mobilité. Ils ont alors déterminé l’élasticité de la demande et de l’offre aux confinements et l’impact de la relance budgétaire sur cette élasticité.
Ils ont alors constaté que les économies n’ont pas réagi de la même façon aux mouvements de confinement et de déconfinement selon le degré de soutien budgétaire. En l’occurrence, les pays qui ont été caractérisés par les plus amples soutiens budgétaires ont connu les moindres baisses de la consommation lors des confinements et les plus forts rebonds lors du retrait des mesures de confinement ; c’est tout particulièrement le cas des Etats-Unis. Par contre, le soutien budgétaire n’a guère affecté la production industrielle, si bien que la production n’a guère pu répondre rapidement à un éventuel surcroît de demande. Il en a résulté un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché des produits et ce déséquilibre s’est traduit par des goulots d’étranglement et ainsi une hausse de l’inflation.
De Soyres et ses coauteurs ont alors examiné le lien entre l’exposition des pays au soutien budgétaire et l’excès d’inflation, ce dernier étant défini comme l’écart entre le taux d’inflation que connaît un pays dans le sillage de la pandémie et le taux d’inflation qu’il connaissait avant celle-ci. Quant aux mesures de soutien budgétaire auxquelles un pays a été exposé, les trois économistes prennent soin de prendre en compte, non seulement celles que son gouvernement a adoptées, mais également celles adoptées par les pays partenaires à l’échange. Ils mettent alors une corrélation significative entre, d’une part, le degré d’excès d’inflation que connaît un pays et, d’autre part, l’exposition de ce dernier au soutien budgétaire qu’il a adopté et aux relances étrangères.
En définitive, il apparaît que les mesures de soutien budgétaire ont pu significativement contribuer à accroître l’inflation ces derniers trimestres. Par exemple, selon les estimations obtenues par de Soyres et alii, les plans de relance budgétaire adoptés aux Etats-Unis au cours de la pandémie ont contribué à accroître l’inflation de 2,6 points de pourcentage aux Etats-Unis, de 2,3 points de pourcentage au Canada et de 0,6 point de pourcentage au Royaume-Uni.
Références