Dans le sillage de l’épidémie de Covid-19, il y a un très fort recours au télétravail ; ce dernier a permis aux travailleurs de continuer de travailler malgré les mesures de confinement et de réduire le risque de contamination. Depuis le retrait des mesures sanitaires et le reflux de la pandémie, le recours au télétravail a certes lui-même reflué, mais il reste beaucoup plus fréquent qu’auparavant,(Bick et alii, 2020 ; Barrero et al., 2021). C’est en particulier le cas aux Etats-Unis : alors que 5 % des journées de travail étaient réalisées à distance avant la pandémie, cette part a atteint un pic de 60 % lors de la pandémie, avant de refluer pour atteindre 30 % fin 2023. L’une des questions qui se pose est de savoir dans quelle mesure le recours assez généralisé du télétravail lors de la pandémie a pu stimuler la croissance de la productivité.
C’est la question que se sont posée John Fernald, Ethan Goode, Huiyu Li et Brigid Meisenbacher (2023). Ils ont étudié la relation entre la croissance du PIB par heure travaillée et la capacité à recourir au télétravail selon le secteur aux Etats-Unis.
Il apparaît une relation légèrement positive entre la capacité à recourir au télétravail et la croissance de la productivité : la croissance de la productivité est d’autant plus susceptible d’être forte dans un secteur que ce dernier est capable de recourir au télétravail (cf. graphique 1). Mais une fois les tendances prépandémiques prises en compte, ils constant qu’une très faible relation statistique entre la capacité à recourir au télétravail et les performances en termes de productivité (cf. graphique 2).
Fernald et ses coauteurs en concluent que le télétravail ne devrait pas être en soi un facteur important pour expliquer les différences de croissance de la productivité que l’on peut observer d’un secteur à l’autre. Plus largement, ils doutent que le plus grand recours au télétravail contribue significativement à expliquer les variations de la productivité au niveau agrégé.
Références