Afin d'accroître leurs profits, les entreprises peuvent être tentées de se mettre d’accord pour cesser de se faire concurrence, pour ne pas baisser leurs prix, voire pour les augmenter, etc., mais ce comportement est illégal, dans la mesure où il nuit aux consommateurs, en réduisant leur pouvoir d’achat et en restreignant la diversité de produits auxquels ils ont accès. En l’occurrence, les ententes sont l’une des formes de comportements anticoncurrentiels que les autorités sanctionnent le plus lourdement : par exemple, le montant total des amendes que la seule Commission européenne a infligées aux participants aux cartels depuis 1990 s’élève à 31 milliards d’euros (Haucap et Heldman, 2022).
samedi 31 décembre 2022
Petite sociologie des cartels
vendredi 30 décembre 2022
Quel est l’effet de l’incertitude sur l’investissement ?
Toute une littérature a exploré le lien entre investissement et incertitude. En théorie, on s’attend à ce que ce lien soit négatif. En l’occurrence, les entreprises seraient d’autant plus réticentes à investir que l’incertitude est forte, notamment en raison de l’irréversibilité des projets d’investissement (Bernanke, 1983 ; Dixit et Pindyck, 1994). En effet, si elles investissent en supposant erronément qu’elles feront face à une forte demande à l’avenir, elles risquent de se retrouver en surcapacités. Or, beaucoup des actifs qu'elles accumulent leurs sont spécifiques, si bien qu'elles ne peuvent que difficilement les revendre. Face à une forte incertitude, elles ont donc intérêt à adopter un comportement attentiste : elles retardent leurs investissements le temps d’acquérir de nouvelles informations. En outre, si l’incertitude augmente, les prêteurs pourraient exiger une prime de risque plus élevée, ce qui pourrait décourager l'emprunt des firmes désireuses d’investir. D’un autre côté, il est théoriquement possible d'envisager des cas où le lien entre incertitude et investissement devient positif. C’est par exemple le cas s’il y a des délais dans la concrétisation des projets d’investissement : ces derniers ne sont pas immédiatement concrétisés suite à l’instant où la décision d’investir à été prise. Il est alors possible qu’une hausse de l’incertitude pousse davantage les entreprises à se décider à investir (Bar-Ilan et Strange, 1996).
jeudi 29 décembre 2022
Cycle financier mondial : ce qui se passe en Chine ne reste pas en Chine
Plusieurs travaux ont montré qu’il existait un véritable cycle financier mondial et que celui-ci tiendrait étroitement à l’économie américaine, notamment en raison de l’importance de cette dernière comme centre financier (Rey, 2013 ; Bruno et Shin, 2015 ; Monnet et Puy, 2019). Grâce à la croissance exceptionnellement forte qu’elle a connue ces trois dernières décennies, la Chine constitue désormais la deuxième plus grande économie au monde. Pourtant, les études qui ont cherché à déterminer son influence sur les conditions financières mondiales ont tendance à conclure que celle-ci reste finalement très limitée, en raison de l’intégration très limitée de la Chine au système financier international (Arslanalp et alii, 2016 ; Miranda-Agrippino et alii, 2020).
mardi 27 décembre 2022
Quels seraient les coûts de l’« amicalisation » des échanges ?
Depuis les années 1980, les échanges commerciaux ont connu une nouvelle vague de mondialisation. Avec la réduction des barrières à l’échange et les avances en matière de technologies de communication, les entreprises ont externalisé et délocalisé une part croissante de leurs tâches de production.
vendredi 23 décembre 2022
La déformation du partage de la valeur ajoutée s’explique-t-elle (notamment) par la baisse de l’imposition des entreprises ?
Ces quatre dernières décennies, le partage de la valeur ajoutée a eu tendance à se déformer au détriment du travail (Karabarbounis et Neiman, 2013). Aux Etats-Unis, la part du travail a diminué de 7 points de pourcentage depuis 1953 : elle est passée de 65 % à 58 %. La déformation du partage de la valeur ajoutée a été particulièrement marquée dans l’industrie : aux Etats-Unis, la part du travail au sein de ce secteur a baissé de 20 points de pourcentage entre les années 1950 et 2016 ; dans les pays de l’OCDE, elle a baissé de 0,34 points de pourcentage en moyenne par an entre 1981 et 2007.
samedi 17 décembre 2022
Les pénuries de main-d’œuvre stimulent-elles l’automatisation ?
Beaucoup évoquent actuellement des problèmes de recrutement dans les pays développés, sous l'effet de la pandémie de Covid-19. Indépendamment de cette dernière, les pays développés sont susceptibles d'être de plus en plus confrontés aux pénuries de main-d'œuvre, dans la mesure où ils subissent un vieillissement démographique et ne relâchent guère leur politique migratoire. Il paraît évident qu’une situation de pénurie de main-d’œuvre devrait stimuler la robotisation. Pourtant la littérature empirique a peu exploré ce lien de causalité.
vendredi 9 décembre 2022
Comment la hausse des taux d'intérêt américains affecte-t-elle les pays émergents ?
La hausse de l’inflation observée à travers le monde ces deux dernières années a fini par entraîner un resserrement des politiques monétaires, notamment celle de la Réserve fédérale. Or, non seulement les hausses des taux d’intérêt américains ont été historiquement associées à des crises financières et notamment des crises de la dette dans les pays émergents et en développement, mais ces derniers sortent précisément d’un véritable cycle d’endettement [Kose et alii, 2021].
dimanche 4 décembre 2022
La pandémie, une « perturbation créatrice » ?
Erling Barth, Alex Bryson et Harald Dale-Olsen (2022) ont étudié les données tirées d’une enquête réalisée en novembre 2020 auprès des entreprises norvégiennes pour observer dans quelle mesure l’épidémie de Covid-19 a bouleversé leurs décisions en matière d’investissements technologiques.
jeudi 1 décembre 2022
La guerre commerciale de Trump a-t-elle profité aux travailleurs américains ?
En 2018, l’administration Trump a relevé en plusieurs fois les droits de douane sur les importations en provenance de plusieurs des principaux partenaires à l’échange des Etats-Unis. L’objectif annoncé était d’améliorer la compétitivité de l’industrie américaine et de recréer des emplois dans cette dernière en incitant les producteurs américains à se détourner des importations taxées pour acheter des produits domestiques. Mais en réponse aux mesures protectionnistes, les pays ciblés par ces dernières en ont adoptées en représailles à l’égard des Etats-Unis. Ce fut tout d’abord le cas de la Chine, puis du Mexique, de la Turquie, de l’Union européenne, du Canada et de la Russie.