Depuis les travaux de Milton Friedman (1953), il est souvent admis que la flexibilité des taux de change permet à l’économie d’absorber un choc de demande domestique négatif en permettant au taux de change de réagir à ce dernier en se dépréciant. Cependant, quand la politique monétaire est contrainte par la borne inférieure zéro, la théorie néo-keynésienne suggère que le taux de change réel pourrait au contraire s’apprécier en réaction à un choc de demande domestique négatif, si bien que les effets de ce dernier sont, non pas atténués, mais amplifiés (Cook et Devereux, 2013 ; Cook et Devereux, 2016). Mais si l’utilisation de mesures non conventionnelles permet à la banque centrale d’assouplir davantage sa politique monétaire malgré le fait que ses taux soient contraints par la borne inférieure, alors la théorie néo-keynésienne suggère que dans ce cas-là le taux de change réel réagit bien à un choc de demande domestique négatif en se dépréciant.
mercredi 29 mars 2023
La flexibilité du taux de change permet-elle d’absorber les chocs de demande négatifs à la borne zéro ?
vendredi 24 mars 2023
L’inflation, un processus à deux régimes ?
Après plusieurs décennies où elle est restée faible est stable, l’inflation a fortement augmenté ces deux dernières années. Dans le sillage de la pandémie, la hausse des prix s’est rapidement généralisée, que ce soit en termes de catégories de produits ou de pays. Ainsi, la proportion de pays connaissant une forte inflation, qui avait régulièrement baissé à partir du début des années 1980 dans le cas des pays développées et à partir du début des années 1990 dans le cas des pays émergents et en développement, est fortement repartie à la hausse en 2021.
jeudi 23 mars 2023
Quel est l’effet de la dette publique sur les anticipations d’inflation ?
Dans les pays développés, les dettes publiques atteignaient des niveaux historiquement élevés dans le sillage de la crise financière mondiale ; elles ont de nouveau augmenté aux premiers temps de l’épidémie de Covid-19. En outre, la pandémie a été suivie par une forte hausse de l’inflation ; cette dernière a renoué dans les pays développés avec des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis plusieurs décennies.
samedi 18 mars 2023
La relation changeante entre le dollar et le prix des produits de base
Au moins depuis le milieu des années 1980 jusqu’à la veille de l’épidémie de Covid-19, les prix des produits de base, notamment ceux du pétrole, ont eu tendance à varier dans le même sens que le dollar (cf. graphique 1). Lorsque les prix des produits de base connaissaient un boom, le dollar avait tendance à se déprécier ; quand les prix des produits de base chutaient, le dollar avait tendance à s’apprécier (Lizardo et Mollick, 2010 ; Klitgaard et alii, 2019). Or, depuis la pandémie, cette relation s’est inversée. En effet, entre le début de l’année 2021 jusqu’au milieu de l’année 2022, les prix des produits de base ont bondi, mais le dollar a eu tendance à s’apprécier vis-à-vis des autres devises. Ensuite, fin 2022, les prix des produits de base ont reflué et le dollar s’est déprécié.
jeudi 16 mars 2023
Dans quelle mesure la fiscalité du patrimoine affecte-t-elle les inégalités de richesse ? Une petite leçon suisse
Les inégalités de patrimoine ont eu tendance à se creuser dans les pays développés au cours des quatre dernières décennies. Durant cette période, l’imposition du patrimoine a pu avoir tendance à devenir moins progressive ; cela a été le cas en Europe, où plusieurs pays ont abandonné l’impôt sur la fortune depuis le milieu des années 1990. L’une des questions qui se posent est de savoir dans quelle mesure cette érosion de la progressivité de l’imposition du patrimoine a pu contribuer à creuser les inégalités de richesse. La seconde, réciproque, est de savoir dans quelle mesure l’imposition du patrimoine s’avère un outil efficace pour réduire les inégalités de richesse ; c’est notamment la question à laquelle se sont attaqués Emmanuel Saez et Gabriel Zucman (2019) dans le cas des Etats-Unis.
samedi 11 mars 2023
Capital humain et changement climatique
Les personnes se révèlent d’autant plus inquiètes quant au changement climatique qu’elles seraient diplômées. C’est notamment une corrélation positive qu’a pu mettre en évidence une enquête menée par le Pew Research Center au niveau mondial (Fagan et Huang, 2019). Il est probable que l’institution scolaire inculque aux élèves qui la fréquentent des connaissances leur permettant de mieux saisir la mécanique du climat et par conséquent la menace que représente le dérèglement climatique. Si c’est le cas, la scolarisation contribuerait à ce que les individus ajustent davantage leur propre comportement de façon à le rendre moins énergivore, mais elle pourrait aussi stimuler la demande d’une action publique en faveur de l’environnement et faciliter l’adoption de mesures climatiques, par exemple en amenant les individus à voter davantage en faveur de candidats ou partis mettant l’accent sur la préservation de l’environnement dans leur programme.
lundi 6 mars 2023
Aux racines de la Révolution française : de la sécheresse aux émeutes paysannes
En 1788, une sécheresse a touché la France et entraîné de mauvaises récoltes. Le prix des céréales a explosé et une famine éclata. Plusieurs historiens ont suggéré que la sécheresse a pu alimenter les révoltes au cours de l’année suivante et, ainsi, participer aux débuts de la Révolution française (Lefebvre, 1932 ; Le Roy Ladurie, 1967 ; Neumann, 1977 ; Neumann et Dettwiller, 1990). En effet, durant l’été 1789, juste avant que ne commence la nouvelle récolte, les paysans, affamés, se sont soulevés contre les propriétaires terriens. Ils étaient scandalisés à l’idée d’avoir à leur payer des impôts, qu’ils jugeaient excessifs, alors même que ceux-ci étaient exonérés de tout impôt.