L’inflation a fortement augmenté à travers le monde ces dernières années, sous l’effet tout d’abord de la pandémie de Covid-19, puis de la reprise de l’invasion russe de l’Ukraine. Comme lors des précédentes poussées inflationnistes, les banques centrales ont resserré leur politique monétaire pour stabiliser l'inflation à un faible niveau. Dans un récent document de travail du FMI, Jiaqian Chen, Era Dabla-Norris, Carlos Goncalves, Zoltan Matyas Jakab et Jesper Lindé (2023) se sont demandés dans quelle mesure un resserrement de la politique budgétaire peut aider les banques centrales dans leur mission de stabilité des prix.
La théorie standard suggère que la politique monétaire est plus efficace que la politique monétaire pour lutter contre l’inflation dans les économies ouvertes en raison du canal du taux de change : le taux de change s’apprécie, si bien que le prix des biens importés diminue, ce qui pousse à la baisse l’inflation domestique. En revanche, si la politique budgétaire est resserrée, la position externe du pays s’améliore et le taux de change tend à se déprécier, ce qui pousse à la hausse le prix des biens importés et ainsi l’inflation domestique.
Mais Chen et ses coauteurs et ses coauteurs notent que, dans la situation actuelle, de nombreuses banques centrales resserrent simultanément leur politique monétaire, si bien que le canal du taux de change n’est plus opérant : les taux de change ne varient guère. La politique monétaire perd donc son avantage sur la politique budgétaire. Dans une telle situation, les deux politiques monétaires restent efficaces pour réduire l’inflation, dans la mesure où le resserrement des politiques conjoncturelles à travers le monde déprime la demande globale.
Le recours à la politique budgétaire présente toutefois un avantage que n’offre pas l’usage de la politique monétaire, surtout dans le contexte actuel de niveaux élevés de dette publique : en poussant les taux d’intérêt nominaux à la hausse, le resserrement monétaire risque de détériorer les finances publiques, alors que le resserrement budgétaire pourrait permettre de réduire le ratio dette publique sur PIB.
Aussi bien qu’un resserrement monétaire qu’un resserrement budgétaire sont susceptibles d’accroître les inégalités de revenu, mais là aussi la politique budgétaire a un avantage par rapport à la politique monétaire conventionnelle : le gouvernement peut plus facilement cibler ses mesures. En l’occurrence, il peut notamment adopter des mesures spécifiques pour protéger les ménages les plus vulnérables.
Référence