Afin d'accroître leurs profits, les entreprises peuvent être tentées de se mettre d’accord pour cesser de se faire concurrence, pour ne pas baisser leurs prix, voire pour les augmenter, etc., mais ce comportement est illégal, dans la mesure où il nuit aux consommateurs, en réduisant leur pouvoir d’achat et en restreignant la diversité de produits auxquels ils ont accès. En l’occurrence, les ententes sont l’une des formes de comportements anticoncurrentiels que les autorités sanctionnent le plus lourdement : par exemple, le montant total des amendes que la seule Commission européenne a infligées aux participants aux cartels depuis 1990 s’élève à 31 milliards d’euros (Haucap et Heldman, 2022).
samedi 31 décembre 2022
Petite sociologie des cartels
vendredi 30 décembre 2022
Quel est l’effet de l’incertitude sur l’investissement ?
Toute une littérature a exploré le lien entre investissement et incertitude. En théorie, on s’attend à ce que ce lien soit négatif. En l’occurrence, les entreprises seraient d’autant plus réticentes à investir que l’incertitude est forte, notamment en raison de l’irréversibilité des projets d’investissement (Bernanke, 1983 ; Dixit et Pindyck, 1994). En effet, si elles investissent en supposant erronément qu’elles feront face à une forte demande à l’avenir, elles risquent de se retrouver en surcapacités. Or, beaucoup des actifs qu'elles accumulent leurs sont spécifiques, si bien qu'elles ne peuvent que difficilement les revendre. Face à une forte incertitude, elles ont donc intérêt à adopter un comportement attentiste : elles retardent leurs investissements le temps d’acquérir de nouvelles informations. En outre, si l’incertitude augmente, les prêteurs pourraient exiger une prime de risque plus élevée, ce qui pourrait décourager l'emprunt des firmes désireuses d’investir. D’un autre côté, il est théoriquement possible d'envisager des cas où le lien entre incertitude et investissement devient positif. C’est par exemple le cas s’il y a des délais dans la concrétisation des projets d’investissement : ces derniers ne sont pas immédiatement concrétisés suite à l’instant où la décision d’investir à été prise. Il est alors possible qu’une hausse de l’incertitude pousse davantage les entreprises à se décider à investir (Bar-Ilan et Strange, 1996).
jeudi 29 décembre 2022
Cycle financier mondial : ce qui se passe en Chine ne reste pas en Chine
Plusieurs travaux ont montré qu’il existait un véritable cycle financier mondial et que celui-ci tiendrait étroitement à l’économie américaine, notamment en raison de l’importance de cette dernière comme centre financier (Rey, 2013 ; Bruno et Shin, 2015 ; Monnet et Puy, 2019). Grâce à la croissance exceptionnellement forte qu’elle a connue ces trois dernières décennies, la Chine constitue désormais la deuxième plus grande économie au monde. Pourtant, les études qui ont cherché à déterminer son influence sur les conditions financières mondiales ont tendance à conclure que celle-ci reste finalement très limitée, en raison de l’intégration très limitée de la Chine au système financier international (Arslanalp et alii, 2016 ; Miranda-Agrippino et alii, 2020).
mardi 27 décembre 2022
Quels seraient les coûts de l’« amicalisation » des échanges ?
Depuis les années 1980, les échanges commerciaux ont connu une nouvelle vague de mondialisation. Avec la réduction des barrières à l’échange et les avances en matière de technologies de communication, les entreprises ont externalisé et délocalisé une part croissante de leurs tâches de production.
vendredi 23 décembre 2022
La déformation du partage de la valeur ajoutée s’explique-t-elle (notamment) par la baisse de l’imposition des entreprises ?
Ces quatre dernières décennies, le partage de la valeur ajoutée a eu tendance à se déformer au détriment du travail (Karabarbounis et Neiman, 2013). Aux Etats-Unis, la part du travail a diminué de 7 points de pourcentage depuis 1953 : elle est passée de 65 % à 58 %. La déformation du partage de la valeur ajoutée a été particulièrement marquée dans l’industrie : aux Etats-Unis, la part du travail au sein de ce secteur a baissé de 20 points de pourcentage entre les années 1950 et 2016 ; dans les pays de l’OCDE, elle a baissé de 0,34 points de pourcentage en moyenne par an entre 1981 et 2007.
samedi 17 décembre 2022
Les pénuries de main-d’œuvre stimulent-elles l’automatisation ?
Beaucoup évoquent actuellement des problèmes de recrutement dans les pays développés, sous l'effet de la pandémie de Covid-19. Indépendamment de cette dernière, les pays développés sont susceptibles d'être de plus en plus confrontés aux pénuries de main-d'œuvre, dans la mesure où ils subissent un vieillissement démographique et ne relâchent guère leur politique migratoire. Il paraît évident qu’une situation de pénurie de main-d’œuvre devrait stimuler la robotisation. Pourtant la littérature empirique a peu exploré ce lien de causalité.
vendredi 9 décembre 2022
Comment la hausse des taux d'intérêt américains affecte-t-elle les pays émergents ?
La hausse de l’inflation observée à travers le monde ces deux dernières années a fini par entraîner un resserrement des politiques monétaires, notamment celle de la Réserve fédérale. Or, non seulement les hausses des taux d’intérêt américains ont été historiquement associées à des crises financières et notamment des crises de la dette dans les pays émergents et en développement, mais ces derniers sortent précisément d’un véritable cycle d’endettement [Kose et alii, 2021].
dimanche 4 décembre 2022
La pandémie, une « perturbation créatrice » ?
Erling Barth, Alex Bryson et Harald Dale-Olsen (2022) ont étudié les données tirées d’une enquête réalisée en novembre 2020 auprès des entreprises norvégiennes pour observer dans quelle mesure l’épidémie de Covid-19 a bouleversé leurs décisions en matière d’investissements technologiques.
jeudi 1 décembre 2022
La guerre commerciale de Trump a-t-elle profité aux travailleurs américains ?
En 2018, l’administration Trump a relevé en plusieurs fois les droits de douane sur les importations en provenance de plusieurs des principaux partenaires à l’échange des Etats-Unis. L’objectif annoncé était d’améliorer la compétitivité de l’industrie américaine et de recréer des emplois dans cette dernière en incitant les producteurs américains à se détourner des importations taxées pour acheter des produits domestiques. Mais en réponse aux mesures protectionnistes, les pays ciblés par ces dernières en ont adoptées en représailles à l’égard des Etats-Unis. Ce fut tout d’abord le cas de la Chine, puis du Mexique, de la Turquie, de l’Union européenne, du Canada et de la Russie.
mercredi 30 novembre 2022
Quels sont les effets des chocs pétroliers quand les taux d’intérêt sont à leur borne zéro ?
Le prix du pétrole brut WTI avait atteint les 123 dollars en mars dernier, soit un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis la crise financière mondiale. Mais alors qu’il y a quatorze ans, la hausse des prix du pétrole s’expliquait avant tout par la hausse de la demande, celle observée en début d’année tient surtout aux perturbations du côté de l’offre. En outre, cette dernière est survenue dans un contexte où le principal taux directeur de la Réserve fédérale était à proximité de zéro, c'est-à-dire lors d'une période de borne inférieure zéro (zero lower bound).
samedi 26 novembre 2022
Le lien élusif entre IDE et croissance
De nombreuses institutions internationales, notamment l’Union européenne, la Banque mondiale et le FMI, considèrent la promotion des investissements directs à l’étranger (IDE) comme un levier de développement pour les pays, en leur permettant notamment de financer plus facilement leurs projets d’investissement ou en participant à diffuser le progrès technique. En l’occurrence, les entrées d’IDE devraient en théorie tout particulièrement profiter aux pays pauvres, dans la mesure où l’insuffisance de leur épargne domestique peut entraver leur développement.
vendredi 25 novembre 2022
Russie : les entreprises ciblées ont tiré profit des sanctions occidentales
Au mois de février dernier, dès les débuts de l’invasion du territoire ukrainien, les pays occidentaux ont adopté des sanctions économiques sans précédent à l’égard de la Russie. Le débat est de savoir dans quelle mesure ces sanctions sont efficaces. L’annexion de la Crimée en 2014 avait déjà conduit à l’adoption de sanctions économiques des Etats-Unis et de l’Union européenne à l’égard d’entreprises russes. Cet épisode constitue une expérience naturelle pour déterminer l’effet des sanctions.
vendredi 11 novembre 2022
Et si nous étions au bord de la déflation ?
L’inflation s’est accélérée à travers le monde depuis le début de l’année 2021 ; les pays développés connaissent par exemple des taux d’inflation qu’ils n’avaient plus observés depuis une quarantaine d’années. En conséquence, les banques centrales tendent à resserrer leur politique monétaire pour ramener les taux d’inflation à un faible niveau. Elles justifient ce resserrement monétaire en faisant l’hypothèse qu’une inflation poussée par les salaires est susceptible d’occasionner une stagflation.
mardi 1 novembre 2022
L’endettement des firmes amplifie l’effet cicatrice des récessions
Les récessions tendent à présenter un « effet cicatrice » : l’activité est durablement déprimée, si bien qu’elle ne parvient guère à revenir à la trajectoire qu’elle tendait à suivre avant qu'éclate la crise (Aikman et alii, 2022). L’un des mécanismes passe par l’investissement des entreprises : lors d’une récession, la faiblesse de la demande réduit les incitations des entreprises à investir, tandis que celles qui cherchent malgré tout à investir risquent d’avoir davantage de difficultés à financer leurs projets. Or, une baisse de l’investissement ne contribue pas seulement à déprimer la demande à court terme, donc potentiellement à aggraver la récession et à retarder la reprise ; elle réduit les capacités de production à plus long terme.
dimanche 30 octobre 2022
Brésil : quelle mobilité intergénérationnelle dans l’un des pays les plus inégalitaires au monde ?
Le Brésil est un grand pays émergent présentant de très fortes inégalités (Morgan, 2017 ; Assouad et alii, 2018 ; Gethin et Morgan, 2021). Par exemple, l’indice de Gini de la répartition des revenus y était de 0,53, faisant du Brésil le neuvième pays le plus inégalitaire selon cet indicateur.
lundi 24 octobre 2022
Anatomie des fortes hausses de l’inflation
Depuis le début de l’année 2021, l’inflation a fortement augmenté à travers le monde. Dans les pays développés, elle a retrouvé des niveaux qu’elle n’avait plus atteints depuis une quarantaine d’années. Cet emballement de l’inflation met un terme à plusieurs décennies d’inflation faible et stable. L’une des craintes est que les anticipations d’inflation à long terme cessent d’être ancrées à un faible niveau, ce qui compliquerait le reflux de l’inflation (Blanchard, 2022 ; Reis, 2022).
dimanche 9 octobre 2022
Les individus ne font-ils attention à l’inflation que lorsqu’elle est élevée ?
Selon la théorie de l’inattention rationnelle, inspirée du problème d'extraction du signal des modèles à la Robert Lucas, il serait optimal pour les individus de ne pas porter attention à l’inflation tant que celle-ci est faible, dans la mesure où il existerait des coûts de recherche d’information (Sims, 2003 ; Sims, 2010). Autrement dit, la population ne porterait guère attention à l’inflation lorsque celle-ci est faible, mais elle se focaliserait davantage sur celle-ci lorsqu’elle atteint des niveaux élevés.
samedi 8 octobre 2022
Nos angoisses écologiques nous poussent-elles à faire moins d’enfants ?
Les médias évoquent désormais régulièrement la notion d’éco-anxiété. Certains développent notamment l’idée que les angoisses écologiques puissent remettre en cause chez les plus jeunes générations l’envie d’avoir des enfants, par exemple par souci de contribuer le moins possible aux dégradations environnementales ou par inquiétude des répercussions de ces dernières sur le bien-être des générations futures.
jeudi 6 octobre 2022
Quels sont les déterminants de la fracture numérique ?
En imposant la distanciation physique et la généralisation du télétravail, l’épidémie de Covid-19 a accéléré la diffusion des nouvelles technologies d’information et de communication. Cette diffusion n’a toutefois pas été égale : pour l’OCDE (2020), elle s'est accompagnée d'une creusement des inégalités dans l’usage de ces technologies.
dimanche 2 octobre 2022
Démocratie et revenu : une relation en forme de U ?
La question de la relation entre structuration du pouvoir politique et développement économique a suscité très tôt des réflexions de la part des économistes. Dans un article très influent, Seymour Lipset (1959) a développé la « théorie de la modernisation » : d’après lui, le développement économique favoriserait l’apparition et le renforcement de la démocratie.
samedi 1 octobre 2022
Les biais dans les anticipations d’inflation en zone euro
En s’appuyant notamment sur des enquêtes menées depuis le milieu des années 1990 auprès des professionnels et des ménages dans 11 pays-membres de la zone euro, Jiaqian Chen, Lucyna Górnicka et Vaclav Zdarek (2022) ont étudié le comportement des anticipations d’inflation dans la zone euro. Ils ont notamment cherché à savoir si ce comportement avait été affecté par la crise financière mondiale de 2008 : la période qui débute avec celle-ci a été marquée par une baisse de l’inflation moyenne et des taux d'intérêt de la banque centrale à zéro ou proches de zéro (cf. graphique). Par contre, Chen et ses coauteurs n’analysent pas l’épisode de la pandémie de Covid-19.
dimanche 25 septembre 2022
Quels sont les effets de la réduction du temps de travail ? Les enseignements de cinq réformes européennes
Les effets de la réduction du temps de travail réglementaire sur l’emploi et les salaires font l’objet de grands débats parmi les économistes. Les plus optimistes pensent qu’une baisse du temps de travail stimule l’emploi en obligeant les entreprises à embaucher : c’est la théorie du « partage du travail » (Drèze, 1986). L’idée de base est simple : si les entreprises ont besoin d’un volume de travail donné, une baisse du temps de travail doit conduire mécaniquement à une hausse du nombre de travailleurs en emploi.
samedi 24 septembre 2022
Dans quelle mesure les annonces de l’OPEP influencent-elles les prix du pétrole ?
Dans la mesure où l’OPEP a représenté plus de 40 % de la production mondiale de pétrole ces trois dernières décennies, ses annonces font naturellement l’objet d’une grande attention de la part des médias. Pourtant, les études empiriques qui ont cherché à déceler l’effet des annonces de l’OPEP sur les prix du pétrole ont abouti à des résultats contrastés.
vendredi 23 septembre 2022
La protection sociale est-elle un bien de luxe ?
Le montant des dépenses publiques consacrées à la protection sociale a tendance à être d’autant plus important, relativement au revenu national, que ce dernier est important. Autrement dit, l’élasticité de ces dépenses vis-à-vis du revenu national apparaît supérieure à l’unité. Autrement dit encore, la protection sociale constituerait, à l'échelle d'un pays, ce que les économistes qualifient de « bien de luxe ».
mardi 20 septembre 2022
Confinement : les mesures de soutien du gouvernement ont-elles zombifié les entreprises ?
Au début de la pandémie de Covid-19, des confinements ont été instaurés à travers le monde pour contenir la propagation de l’épidémie et ainsi éviter une surcharge du système hospitalier. Afin d’amortir l’impact de la pandémie et des mesures sanitaires sur l’économie, les gouvernements ont adopté des mesures de soutien budgétaire. Celles-ci ont par exemple pris la forme de dispositifs de chômage partiel pour éviter une vague de faillites d’entreprises tout en maintenant le lien des travailleurs à leur emploi et ainsi empêcher également une hausse du chômage. Dans le cas français, le gouvernement a étendu le Dispositif d’Activité Partielle, en vigueur depuis 2008, en prenant en charge 70 % des salaires bruts des travailleurs se retrouvant au chômage partiel. En outre, le gouvernement français a lancé le Prêt Garanti par l’Etat (PGE) : en transférant le risque de crédit des banques vers l’Etat, ce dispositif visait à faciliter l’accès des entreprises illiquides, mais toujours viables, à des ressources financières supplémentaires.
mercredi 14 septembre 2022
Ce que les contaminations à la Covid-19 font aux travailleurs
Les personnes qui tombent malades de la Covid-19, mais qui en survivent, peuvent en conséquence souffrir ultérieurement de problèmes de santé, notamment d’une fatigue chronique, de dommages aux organes et des problèmes cardiovasculaires. Or, de tels problèmes sont susceptibles de réduire l’offre de travail, en poussant les travailleurs contaminés à réduire leur temps de travail, voire à quitter la population active.
vendredi 9 septembre 2022
Quels sont les coûts sociaux des défauts souverains ?
Plusieurs travaux ont cherché à déterminer les coûts économiques des défauts sur la dette publique, notamment en termes de coûts de financement, d’investissements directs à l’étranger et, à un niveau plus agrégé, de PIB. Les estimations obtenues varient fortement d’une étude à l’autre ; par exemple, Reinhart et Rogoff (2009) concluent que les défauts souverains tendent à être suivis par de sévères récessions, tandis que Levy-Yeyati et Panizza (2011) jugent de leur côté que les coûts sont faibles. Outre cette absence de consensus, la littérature n’a guère exploré les coûts sociaux des défauts souverains, notamment en termes de pauvreté et d’inégalités.
jeudi 25 août 2022
Allemagne : la malédiction d’une industrialisation précoce
Les revenus par tête régionaux ont eu tendance à converger durant l’essentiel du vingtième siècle dans les pays développés, mais cette convergence semble s’être stoppée autour de 1980. Les inégalités régionales semblent s’être accrues depuis (Rosés et Wolf, 2018). Ce sont en l’occurrence les régions qui se sont le plus précocement industrialisées qui semblent avoir été celles en déclin ces dernières décennies.
mercredi 24 août 2022
Un vote des enfants d’immigrés biaisé vers la gauche ?
Simone Moriconi, Giovanni Peri et Riccardo Turati (2022) ont cherché à savoir si les immigrés de seconde génération nourrissaient des préférences politiques différentes de celles des autochtones de profil similaire. Pour cela, ils ont utilisé des données relatives à 150.000 individus résidant dans 22 pays européens sur la période allant de 2011 à 2017, en combinant des informations tirées de l’European Social Survey à la base de données du Manifesto Project.
mercredi 17 août 2022
Inflation : et si nous étions revenus un siècle plus tôt ?
Après plusieurs décennies où l’inflation s'est révélée faible et stable, celle-ci a augmenté dans le sillage de la pandémie de Covid-19. Depuis quelques mois, les pays développés, notamment les Etats-Unis, retrouvent des niveaux d’inflation qu’ils n’avaient plus connus depuis une quarantaine d’années. L’une des questions qui se pose est de savoir dans quelle mesure cette évolution tient à une hausse de la composante permanente de l’inflation. En effet, il sera d’autant plus difficile de réduire l’inflation que sa hausse tient à sa composante permanente.
samedi 13 août 2022
Les cycles d’affaires en Grande-Bretagne, de 1270 à 1870
Stephen Broadberry, Bruce Campbell, Alexander Klein, Mark Overton et Bas van Leeuwen (2022) ont utilisé les estimations annuelles du PIB pour étudier les cycles d’affaires qui se sont déroulés en Angleterre entre 1270 et 1700, puis en Grande-Bretagne de 1700 à 1870. Ils ont identifié les cycles d’affaires en appliquant le filtre Hodrick-Prescott aux estimations du PIB pour extraire la composante cyclique (cf. graphique).
vendredi 5 août 2022
Le rôle des relances budgétaires dans l’inflation pandémique
La pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires adoptées pour contenir celles-ci ont fortement déprimé l’activité économique, à la fois via l’offre et la demande. Pour amortir cet impact, les gouvernements ont adopté des mesures de soutien budgétaire sans précédent ; leur montant n’a toutefois pas été le même d’un pays à l’autre et les pays en développement n’ont pu guère en adopter (cf. graphique).
mardi 2 août 2022
Comment le marché du travail réagit-il à un resserrement monétaire ? Le cas des années 1920
Lorsque l’épidémie de Covid-19 a pris une dimension pandémique et amené les gouvernements à adopter des mesures sans précédent pour tenter de l’endiguer, beaucoup ont rapidement cherché et noté des similarités entre cet épisode et la pandémie qui frappa le monde un siècle plus tôt, celle de la grippe espagnole. Il se pourrait que les années qui suivirent immédiatement l’épidémie de grippe espagnole présentent également d’intéressantes similarités avec le contexte actuel.
dimanche 31 juillet 2022
Pourquoi l’inflation s’est-elle emballée ?
L’épidémie et les mesures sanitaires ont provoqué une puissante contraction de l’activité, mais cette dernière a rapidement rebondi, du moins dans les pays développés (cf. graphique). Cette reprise s’est accompagnée d’une accélération de l’inflation, en particulier depuis le milieu de l’année 2021. Alors qu’elle était restée autour de 2 %, voire en-deçà, dans les pays développés lors de la précédente décennie, elle a atteint les 9,1 % aux Etats-Unis et les 8,6 % dans la zone euro ce mois de juin.
samedi 30 juillet 2022
Comment se comporte la croissance suite aux explosions de dette ?
Les niveaux de dette publique et de dette privée ont fortement augmenté dans le sillage de la pandémie. En l’occurrence, les déficits publics se sont fortement creusés avec l’effondrement des recettes fiscales lié à la contraction de l’activité, l’activation des stabilisateurs automatiques et l’adoption de mesures discrétionnaires en vue de soutenir l’activité. Beaucoup craignent que cette hausse de l’endettement nuise à la croissance économique.
lundi 25 juillet 2022
L’ajustement du compte courant et la peur de l’appréciation
L’un des grands débats qui agitent depuis de nombreuses décennies la littérature en macroéconomie internationale est de savoir si les taux de change flexibles facilitent l’ajustement des déséquilibres de comptes courants. Pour plusieurs économistes, comme Milton Friedman (1953), c’est effectivement le cas, mais beaucoup ne partagent pas cet avis. Par exemple, Menzie Chinn et Shang-Jin Wei (2013) ne concluent pas au terme de leur analyse que la vitesse d’ajustement du compte courant diffère selon le taux de change.
vendredi 22 juillet 2022
Le comportement de la productivité américaine : une nouvelle interprétation
Après plus de deux décennies où elle s’est maintenue à un faible rythme, la croissance de la productivité avait connu une brève accélération à partir du milieu des années 1990 aux Etats-Unis : de 1996 à 2004, celle-ci a augmenté de 3,3 % par an en moyenne. Puis sa croissance a fortement ralenti au milieu des années 2000, avant même qu’éclate la crise financière mondiale. En l’occurrence, la décennie 2010-2019 a été marquée par la plus faible croissance de la productivité qui ait été enregistrée aux Etats-Unis : au cours de la période, la productivité n’a augmenté en moyenne que de 1,1 % par an. Mais celle-ci a rebondi dans le sillage de la pandémie : elle a augmenté au rythme moyen de 4,1 % sur l’ensemble de l’année 2020, avant de fortement ralentir au rythme de 0,6 % lors des cinq trimestres suivants.
mercredi 13 juillet 2022
Les mauvaises nouvelles de la courbe de Beveridge pour la Fed
L’inflation a fortement augmenté ces derniers trimestres dans les pays développés, en particulier aux Etats-Unis où elle a atteint au mois dernier les 9,1 % en rythme annuel, un niveau qui n'avait pas été observé depuis novembre 1981. Cette hausse de l’inflation n’est guère surprenante : la demande, alimentée aux Etats-Unis par des plans de soutien budgétaire d’un montant exceptionnel, a fortement rebondi suite au confinement, ce qui a rapidement conduit à des goulots d’étranglement.
lundi 11 juillet 2022
Le rôle des goulots d’étranglement dans l’inflation
Aux premiers temps de la pandémie, lors des confinements, l’inflation n’a pas vraiment réagi, les économies connaissant à la fois une chute de l’offre et une chute de la demande. Mais dans un deuxième temps, la demande a fortement rebondi, notamment sous l’impulsion des plans de soutien budgétaire adoptés par les gouvernements. En l’occurrence, elle a rebondi plus vite que n’a pu le faire l’offre, dans la mesure où cette dernière est inélastique à court terme et notamment du fait que la pandémie et les mesures sanitaires continuaient de la contraindre. En outre, la composition de la consommation s’est modifiée : celle-ci s’est réorientée des services vers les biens. Tout cela a conduit à une accélération de l’inflation à partir du début de l’année 2021, notamment en créant des goulots d’étranglement dans les chaînes de valeur mondiales (cf. graphique).
jeudi 7 juillet 2022
L’Afrique n’a pas tiré profit du boom des matières premières
La période allant de 2004 à 2014 a été marquée par un boom du prix des matières premières (cf. graphique) ; ils ont certes fortement chuté lors de la crise financière mondiale, mais ils ont ensuite rapidement rebondi. Ce boom a directement bénéficié à l’Afrique, dans la mesure où celle-ci est très abondante en pétrole, gaz et minéraux. La croissance économique des pays abondants en matières premières est passée de 4,6 % à 5,4 % par an. Les recettes que les gouvernements ont tirées de ces ressources ont augmenté en moyenne de 1,1 milliard de dollars par an ; elles représentaient environ 61 % de l’ensemble de leurs recettes.
mercredi 6 juillet 2022
Les effets de la politique monétaire quand les firmes ont un fort pouvoir de marché sur le marché du travail
Au cours des récentes expansions, les salaires ont augmenté lentement dans les pays développés, notamment aux Etats-Unis, alors même que l’emploi a pu connaître une croissance robuste. Par exemple, lors de l’expansion consécutive à la crise financière mondiale, les salaires ont stagné pendant une longue période avant de commencer à croître, et ce malgré le maintien de politiques monétaires exceptionnellement accommodantes. Cette moindre sensibilité des salaires au cycle pourrait contribuer à expliquer l’aplatissement la courbe de Phillips qui a été observé à partir des années 1980.
mardi 28 juin 2022
Comment la présence d’immigrés influence les attitudes des natifs à leur égard
Les flux migratoires se sont accentués ces dernières années, en particulier à destination de l’Union européenne en 2015-2017. Cette évolution, synchrone à un essor des partis populistes à travers les pays développés, a alimenté les études sur les liens entre immigration et attitudes des natifs à l’égard des immigrés. Ces travaux n’ont pas abouti à un consensus sur la relation entre ces attitudes et la part des immigrés au sein de la population. D’un côté, selon la théorie de la menace, développée notamment par Herbert Blumer (1958) et Hubert Blalock (1967), plus la part des immigrés dans une population est importante, plus les natifs se sentent menacés et nourrissent des attitudes négatives à leur égard. Mais, d’un autre côté, il se pourrait au contraire que les natifs révisent leurs préjugés et développent des attitudes plus positives vis-à-vis des immigrés lorsqu’ils interagissent davantage avec ces derniers, comme le suggère la théorie du contact de Gordon Allport (1954).
jeudi 23 juin 2022
L’essor du télétravail freine la croissance des salaires
L’inflation a fortement augmenté depuis début 2021, en particulier aux Etats-Unis. En mai, le taux d’inflation a atteint aux Etats-Unis les 8,6 %. La croissance des salaires nominaux s’est maintenue à un rythme bien plus faible, si bien que les salaires réels ont baissé : les rémunérations horaires moyennes ont chuté de 3 % au cours des douze mois qui ont précédé mai 2022.
mercredi 22 juin 2022
Ce que les confinements ont fait au commerce international
Les échanges commerciaux se sont fortement contractés au début de la pandémie de Covid-19, en l'occurrence de plus de 15 % au niveau agrégé (cf. graphique 1). Celle-ci a provoqué à la fois un choc d’offre et un choc de demande négatifs. Du côté de la demande, la contraction de l’activité économique provoquée par les mesures de restrictions sanitaires et les comportements de distanciation physique ont entraîné une baisse des importations. Du côté de l’offre, la fermeture des établissements et les difficultés d’approvisionnement ont entraîné une contraction des exportations, aggravant les difficultés d’approvisionnement dans les pays partenaires à l’échange.
mardi 21 juin 2022
Dans quelle mesure l’offre et la demande ont-elles contribué à la hausse de l’inflation aux Etats-Unis ?
L’inflation a fortement augmenté ces derniers trimestres, en particulier aux Etats-Unis. Au cours des dix années qui ont précédé la pandémie, l’inflation américaine s’élevait en moyenne à environ 1,5 % ; elle a atteint 6,3 % en avril, soit un écart de 4,8 points de pourcentage. Ainsi, après une longue période où cours de laquelle elle était restée inférieure à aux 2 % ciblés par la banque centrale, l’inflation dépasse largement sa cible.
lundi 20 juin 2022
Quelques faits stylisés sur la rigidité des prix dans la zone euro
Erwan Gautier et alii (2022) ont utilisé des bases de données nationales relatives aux prix dans 11 pays-membres de la zone euro, à savoir l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg et la Slovaquie. En étudiant ces données, ils en ont tiré plusieurs faits stylisés sur l’ajustement des prix à la consommation dans la zone euro.
jeudi 16 juin 2022
A quel point les individus sous-évaluent-ils le vaccin anti-Covid ?
La littérature économique met depuis longtemps l’accent sur les externalités positives de la vaccination : les individus sous-estimeraient tout particulièrement les bénéfices collectifs de la vaccination, si bien qu’il y aurait bien moins de personnes qui seraient vaccinées que ce qui serait optimal en termes de bien-être collectif.
jeudi 9 juin 2022
La richesse des deux nations : les persistantes inégalités raciales de patrimoine aux Etats-Unis
Les inégalités raciales sont particulièrement fortes aux Etats-Unis. Par exemple, un Noir y gagne en moyenne un revenu moitié moindre que celui d’un Blanc. Mais les inégalités raciales dans le partage du patrimoine sont encore bien plus fortes que celles observées dans la répartition du revenu : un Blanc possède en moyenne six fois plus de patrimoine qu’un Noir.
lundi 6 juin 2022
La fiscalité des dividendes nuit-elle forcément à l’investissement ?
En 2013, le gouvernement Ayrault a multiplié par trois le taux d’imposition des dividendes : celui-ci est passé de 15,5 % à 46 %. L’objectif affiché était d’inciter les entreprises à davantage utiliser leurs profits pour investir. Mais pour l’opposition, cette réforme fiscale risquait d’avoir l’effet inverse, c’est-à-dire de désinciter les entreprises à investir.
mardi 31 mai 2022
Les coûts politiques des chocs pétroliers
Depuis les années 1970, les prix du pétrole ont connu des phases de fortes hausses rapides, des épisodes que l’on a pu qualifier de chocs pétroliers. Ce fut notamment le cas en 1973-1974 et en 1979, dans un contexte de fortes tensions géopolitiques, à la veille de la crise financière mondiale, lorsque l’émergence de la Chine alimentait fortement la demande mondiale de pétrole, lors de la reprise subséquente ou encore ces derniers trimestres, dans le contexte de la reprise post-pandémique et plus récemment du conflit russo-ukrainien.
samedi 28 mai 2022
Un juste prix ?
Le 15 décembre 2014, un homme armé est entré dans un café en Australie et a pris en otage ses clients pendant plusieurs heures. Au cours de cette prise d’otage, les forces de l’ordre ont confiné les rues aux alentours et la circulation a été interrompue. Les prix pour un trajet en Uber ont alors fortement augmenté : ils ont été multipliés par quatre en moyenne. La société s’est justifiée en déclarant qu’une telle hausse des tarifs était nécessaire pour inciter les conducteurs à poursuivre leur activité et permettre ainsi aux clients de se déplacer. Beaucoup ont alors réagi en qualifiant ce choix d’« honteux » et en y voyant une absence de « compassion » de la part d’Uber. La société s’est trouvée contrainte de présenter des excuses.
vendredi 27 mai 2022
Les récits à propos de l’inflation
Les récits, c’est-à-dire les histoires que se racontent les individus pour expliquer le monde, leur offrent une lentille à travers laquelle ils interprètent les données et cherchent à prévoir les évolutions futures. Le prix Nobel d'économie Robert Shiller (2017, 2020) est convaincu que les récits jouent un rôle crucial dans la formation des anticipations des agents économiques et, par conséquent, dans les développements macroéconomiques.
jeudi 26 mai 2022
La Fed a-t-elle fait rebasculer l’économie américaine dans la Grande Dépression en 1937 ?
Aux Etats-Unis, la Grande Dépression n’a pas duré sans discontinuité jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ; pour être exact, l’économie américaine a connu deux récessions à la suite. Après avoir connu une contraction d’environ 30 % de son PIB réel et de 47 % de sa production industrielle entre 1929 et 1933, elle a amorcé en 1933 une reprise vigoureuse. En 1937, la production était encore inférieure de 15 % à son niveau potentiel (Balke et Gordon, 1986), mais le PNB réel était pratiquement revenu à son niveau au pic d’avant-crise. L’économie américaine rebascula cette année-là dans la récession : le PIB réel chuta de 11 % et la production industrielle de 32 % (Crafts et Fearon, 2010 ; Irwin, 2011).
lundi 16 mai 2022
Comment les individus perçoivent les effets du commerce international
La plupart des économistes estiment que les pays tirent un gain net de leur ouverture au commerce extérieur : les échanges devraient accélérer l’innovation et la croissance, en réduisant les prix, en élargissant la diversité des produits, en facilitant la diffusion des innovations, etc. Cela dit, il existe également des coûts à l’échange, concentrés sur une partie de la population, en l’occurrence les travailleurs les moins qualifiés dans le cas des pays développés, tandis que les gains sont diffus, dilués dans l’ensemble de la population : certains voient ainsi leur situation absolue, et non pas simplement relative, se détériorer avec l’ouverture aux échanges. La mondialisation commerciale est ainsi tenue comme l’une des responsables de la hausse des inégalités observée dans les pays développés depuis le début des années 1980. Il peut alors apparaître justifié de redistribuer une partie des gains des gagnants vers les perdants de la mondialisation.
samedi 14 mai 2022
Comment la pandémie a affecté les échanges commerciaux des firmes françaises
Il y a un peu plus de deux ans désormais, le commerce international s’est soudainement effondré avec la première vague épidémique de la Covid-19 et l’adoption de confinements à travers le monde. Par exemple, les exportations françaises ont chuté de 78 % et les importations françaises de 70 % sur un an. Avec les déconfinements, les échanges internationaux ont vite rebondi, retrouvant leurs niveaux prépandémiques à la fin de l’année.
mardi 10 mai 2022
Faut-il réviser la cible d’inflation ? Ce qu'en pensent les économistes
A partir des années 1990, plusieurs banques centrales à travers le monde ont adopté, plus ou moins explicitement, une cible d’inflation : elles ont cherché à maintenir le taux d’inflation à un niveau donné, généralement 2 %. On considérait que cette pratique était plus efficace si la banque centrale indiquait explicitement qu’elle l’adoptait et quel niveau d’inflation elle suivait, dans la mesure où l’on supposait que cela permettait d’ancrer plus facilement les anticipations d’inflation au niveau ciblé.
mercredi 4 mai 2022
Comment la répartition du patrimoine a évolué à long terme en Allemagne
Thilo Albers, Charlotte Bartels et Moritz Schularick (2022) ont reconstitué le patrimoine et sa répartition en Allemagne depuis la fin dix-neuvième siècle. Pour cela, ils ont combiné les données fiscales, des données d’archives, des données tirées d’enquêtes réalisées auprès des ménages et des données tirées de la comptabilité nationale.
lundi 2 mai 2022
Les chocs touchant les anticipations d’inflation sont-ils inflationnistes ?
Après plusieurs décennies de faibles taux d’inflation et d’anticipations d’inflation ancrées à un faible niveau, les taux d’inflation ont eu tendance à augmenter dans le sillage de la pandémie, en particulier depuis le début de l’année 2021. Ils atteignent ainsi dans les pays développés des niveaux qui n’avaient guère été observés depuis plusieurs décennies, voire depuis la stagflation des années 1970.
samedi 30 avril 2022
Les réseaux sociaux détériorent-ils la santé mentale ? Le cas de Facebook
Aux Etats-Unis, la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes a eu tendance à se détériorer depuis le milieu des années 2000. En effet, le nombre d’individus âgés de 18 à 23 ans déclarant avoir connu un épisode dépressif majeur l’année précédente a augmenté de 83 % entre 2008 et 2018. Au cours de la même période, le nombre de suicides a augmenté au point que le suicide est devenu la deuxième plus grande cause de mortalité parmi les 15-24 ans. Or, cette détérioration de la santé mentale coïncide avec la diffusion des réseaux sociaux, si bien que certains ont suggéré que leur usage tendait à détériorer la santé mentale (Turkle, 2012).
Une hausse non anticipée de la dette publique nuit-elle à la croissance ?
Depuis la crise financière mondiale, qui a fortement alourdi l’endettement public des pays développés, de nombreuses études ont cherché à déterminer empiriquement si la hausse publique tendait à nuire à la croissance économique. Cette vague de littérature a notamment été impulsée par l’étude séminale réalisée par Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff (2010), qui suggérait que des ratios de dette publique sur PIB supérieurs à 90 % étaient associés à une moindre croissance économique. Cette question a de nouveau gagné en intérêt ces deux dernières années avec la pandémie. Celle-ci s’est traduite par une hausse de la dette publique de 83,7 % à 98,8 % du PIB au niveau mondial entre 2019 et 2021 et de 103,7 % à 122,5 % du PIB dans les seuls pays développés, selon les Perspectives de l’économie mondiale en juillet dernier (cf. graphique 1).
mardi 26 avril 2022
Le rôle du dispositif de chômage partiel lors de la pandémie
La pandémie de Covid-19 et les mesures adoptées par les autorités en vue de la contenir, en premier lieu le confinement du printemps 2020, ont provoqué l’une des plus puissantes contractions de l’activité économique. En France, le PIB avait chuté de 31 % en avril 2020 ; sur l’ensemble de l’année 2020, il a baissé de 9 %, si bien qu’il s’agit de la plus sévère récession enregistrée pour l’économie française depuis la Seconde Guerre mondiale (cf. graphique 1).
lundi 25 avril 2022
L’hypothèse d’une croissance additive
Suite à l’article séminal de Robert Solow (1956), la théorie de la croissance s’est fondée sur l’hypothèse d’une croissance exponentielle de la productivité globale des facteurs (PGF). Pourtant, d’un pays à l’autre et d’une période à l’autre, Thomas Philippon (2022) constate que la croissance de la PGF se révèle en fait linéaire : chaque année, la PGF augmente d’un certain pourcentage, non pas par rapport à sa valeur l’année précédente, mais par rapport à sa valeur initiale.
samedi 23 avril 2022
Quels sont les déterminants du consentement à l’impôt ?
Pour déterminer quels facteurs influent sur le consentement à l’impôt, Pierre Boyer, Thibault Ingrand et Christophe Strassel (2022) se sont appuyés sur le « Baromètre des prélèvements obligatoires 2021 », une enquête réalisée en septembre 2021 auprès d’un échantillon relatif de la population française.
lundi 18 avril 2022
Aveugle à ses propres erreurs : quand l’hystérèse brouille la vue des banques centrales
Des modèles des théoriciens du cycle d’affaires réel à ceux des nouveaux keynésiens, les modèles mainstream de ces quatre dernières décennies ont souvent supposé que les chocs touchant la demande étaient temporaires et que les chocs d’offre étaient permanents. En l’occurrence, l’hypothèse sous-jacente est que le potentiel de l’économie est entièrement déterminé du côté de l’offre. Ainsi, dans le cas d’un choc de demande, celui-ci éloignerait la production de son potentiel sans affecter ce dernier, tandis que dans le cas d’un choc d’offre, celui-ci modifierait la production potentielle.
jeudi 14 avril 2022
Tirée par l’offre ou la demande : la taille du multiplicateur budgétaire dépend-elle de la nature de la récession ?
Dans le sillage de la pandémie de Covid-19, les gouvernements ont adopté d’amples mesures de soutien budgétaire. Mais la récession provoquée par l’épidémie et les mesures sanitaires est particulièrement singulière : alors qu’habituellement les récessions, comme celle occasionnée par la crise financière mondiale de 2008, s’expliquent avant tout par une insuffisance de la demande globale, la récession pandémique tient notamment aux contraintes pesant sur l’offre, comme le suggère notamment le comportement de l'inflation (cf. graphique).
lundi 11 avril 2022
Quand les banques capturent les médias
Le secteur bancaire dépend étroitement de la confiance des déposants et des investisseurs financiers. Or, il s'agit d'un secteur particulièrement opaque où la recherche du profit se fait souvent via des prises de risque excessives, si bien qu'il a intérêt à ce que celles-ci ne s'ébruitent pas. La relation de crédit entretenue avec les médias d'information offre alors une opportunité pour influencer leur contenu éditorial. Ce risque s'est peut-être accentué ces dernières années, dans la mesure où les médias traditionnels ont souffert de la concurrence des médias en ligne et vu leurs recettes publicitaires décliner, ce qui a réduit leur rentabilité et les a rendu davantage dépendants de leurs créanciers.
mardi 5 avril 2022
Etats-Unis : les « Grandes Démissions » sont courantes lors des reprises rapides
La baisse du taux de chômage dans le sillage de la pandémie de Covid-19 a été la plus rapide qu’ait connue l’économie américaine depuis, au moins, la Seconde Guerre mondiale. Mais il apparaît également que le taux de démissions (« job quits rate »), c’est-à-dire le pourcentage de travailleurs quittant leur emploi soit pour occuper un autre emploi, soit pour en chercher un autre, soit pour quitter la vie active, ait également atteint un niveau exceptionnellement élevé, en l’occurrence le plus élevé depuis 2000, l’année à partir de laquelle cette donnée a commencé à être collectée au travers l’enquête Jobs Opening and Labor Turnover Survey (JOLTS).
dimanche 3 avril 2022
Les multinationales sont-elles une bénédiction pour les marchés du travail locaux ? Petite leçon subsaharienne
Dans les pays en développement, il n’est plus clair que l’implantation d’une multinationale bénéficie au marché du travail local. D’un côté, les multinationales peuvent stimuler l’économie locale en y apportant des capitaux et des technologies ou pratiques plus efficaces. D’un autre côté, elles peuvent s’adonner à des activités extractives, nocives aux autres entreprises, notamment aux activités informelles, implantées localement.
Concurrence : des secteurs de plus en plus concentrés en Europe
Gábor Koltay, Szabolcs Lorincz et Tommaso Valletti (2022) ont étudié les indicateurs relatifs à la concentration sectorielle dans les grands pays européens, en l’occurrence l’Allemagne, la France, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, pour la période allant de 1998 à 2019. Ils ont privilégié la part de marché combinée des quatre plus grosses entreprises données dans un secteur donné comme indicateur du degré de concentration de celui-ci.
samedi 19 mars 2022
La capitalisation des classes moyennes mondiales
Au cours des trois dernières décennies, les inégalités mondiales de revenu, c’est-à-dire les écarts de revenu entre l’ensemble des individus à travers le monde, ont eu tendance à diminuer (Lakner et Milanovic, 2016 ; Milanovic, 2021 ; Chancel et Piketty, 2021). En parallèle, les ratios richesses sur revenu ont fortement augmenté dans plusieurs pays développés et en développement (Piketty et Zucman, 2014).
vendredi 11 mars 2022
Le boomerang des inégalités mondiales
Ces dernières décennies ont été marquées par une baisse des inégalités mondiales de revenu (Lakner et Milanovic, 2016). Cela s’explique notamment par la réduction des écarts de revenu entre les pays, le niveau de vie des pays en développement ayant enfin convergé vers celui des pays développés. En l’occurrence, cette convergence tient pour beaucoup à l’essor de l’économie chinoise, qui a permis à des centaines de millions de personnes de quitter l’extrême pauvreté en quelques décennies.
mercredi 2 mars 2022
En Italie, les 10 % les plus riches captent près de 40 % des revenus
Dans un nouveau document de travail publié par le Laboratoire sur les inégalités mondiales, Demetrio Guzzardi, Elisa Palagi, Andrea Roventini et Alessandro Santoro (2022) ont combiné les données tirées des enquêtes, des registres fiscaux et des comptes nationaux pour reconstituer la répartition du revenu en Italie pour la période allant de 2004 à 2015. Ils ont notamment à mieux prendre en compte le biais dans la déclaration des revenus du patrimoine et l’évasion fiscale que n’a pu le faire la littérature existante.
La réallocation de la main-d’œuvre détériore le pouvoir de négociation des travailleurs
Depuis travaux fondateurs de Louis Jacobson et alii (1993) et de Henry Farber (1993) à la récente étude d'Antoine Bertheau et alii (2022), plusieurs analyses ont suggéré que les licenciements se traduisaient par des pertes de revenu à long terme pour les travailleurs. Plusieurs études ont conclu que cela s’expliquait par une tendance des travailleurs licenciés à être réembauchés à un emploi moins rémunérateur que celui qu’ils avaient perdu. La productivité et la prime salariale étant positivement corrélées entre les entreprises, certains y ont vu une tendance des travailleurs licenciés à être réembauchés dans une entreprise moins productive que celle qu’ils ont quittée. Ce n’est pas forcément le cas : plusieurs travaux récents notent que les entreprises les plus productives peuvent être caractérisées par une faible part de la valeur ajoutée consacrée au travail (Autor et alii, 2019 ; Aghion et alii, 2020).
samedi 26 février 2022
Quelles sont les conséquences des droits de douane sur les chaînes de valeur mondiales ?
Pendant plusieurs décennies, la baisse régulière des droits de douane a contribué à stimuler les échanges internationaux, notamment en favorisant l’internationalisation des chaînes de valeur. Alors que la crise financière mondiale de 2008 laissait présager une accentuation des tensions commerciales, ces dernières sont restées contenues pendant encore près d’une décennie. Puis, en avril 2017, l’administration Trump a déclenché une guerre commerciale vis-à-vis de plusieurs de ses partenaires commerciaux, en particulier de la Chine : elle a relevé les droits de douane sur de nombreuses importations américaines de produits chinois (allant de l’acier aux machines à laver, c’est-à-dire touchant différentes étapes de la production) et la Chine a relevé en représailles ses droits de douanes sur plusieurs importations de produits américains.
jeudi 17 février 2022
Reprise post-pandémique : quels sont les effets des goulots d’étranglement ?
Après le choc immédiat de la pandémie, en particulier des premiers confinements, l’activité économique a vite rebondi, mais la reprise s’est retrouvée contrainte du côté de l’offre : non seulement la demande a fortement rebondi alors même que l’offre est relativement inélastique à court terme, mais en outre la demande s’est réallouée des services vers les biens (cf. graphique 1), entraînant des goulots d’étranglement. Les délais de livraison se sont creusés, les frais de transport ont explosé, des pénuries d’intrants et de biens finaux sont apparues et le prix de plusieurs biens a fortement augmenté, alimentant plus globalement les pressions inflationnistes.
dimanche 13 février 2022
Vaccination anti-Covid : des intentions aux actes
Malgré les coûts humains, psychologiques, économiques et sociaux tant de l’épidémie de Covid-19 que des mesures restrictives adoptées pour la freiner, des millions de personnes à travers le monde refusent toujours de se faire vacciner contre le coronavirus.
samedi 12 février 2022
Quelles pertes en capital humain la pandémie a-t-elle provoquées ?
Les individus accumulent du capital humain, non seulement à travers leur scolarité, mais aussi en travaillant, en bénéficiant de la formation par la pratique (learning-by-doing), en échangeant des savoirs et savoir-faire avec les collègues, etc. Une récession est particulièrement susceptible de nuire à l’accumulation de capital humain : les travailleurs qui se retrouvent privés des interactions physiques avec leurs collègues ou qui se retrouvent au chômage technique et surtout au chômage ne peuvent acquérir de nouvelles compétences en travaillant et l’érosion ou l’obsolescence de leurs compétences s’accélère. Outre ses effets sur les travailleurs, la pandémie a également perturbé l’accumulation du capital humain via le système éducatif : c’est la scolarité de l’ensemble des cohortes d’élèves qui s’est retrouvée perturbée, avec la fermeture des écoles, la hausse de l’absentéisme des élèves et de leurs enseignants, l'imparfaite substituabilité entre enseignement en présentiel et enseignement en distanciel, etc. (Fuchs-Schündeln et alii, 2020 ; Hanushek et Woessmann, 2020 ; Psacharopoulos et alii, 2021 ; Azevedo et alii, 2021).
jeudi 10 février 2022
Les inégalités d’accès aux études supérieures selon le revenu des parents
En s’appuyant sur une enquête réalisée auprès des jeunes adultes et sur une base de données administratives, Cécile Bonneau et Sébastien Grobon (2022) ont étudié les inégalités d’accès à l’éducation supérieure selon le revenu parental en France.
dimanche 6 février 2022
Une théorie des déficits publics à la Boucles d’or
Les pays développés ont connu des taux d’intérêt extrêmement faibles ces dernières années, une situation que certains ont qualifiée de « stagnation séculaire » en y voyant le symptôme d’une demande globale chroniquement faible (Summers, 2014). Cette extrême faiblesse des taux d’intérêt a amené les économistes à reconsidérer la question de la soutenabilité de la dette publique. Par exemple, selon Olivier Blanchard (2019), lorsque le taux d’intérêt (r) est inférieur au taux de croissance (g) le gouvernement pourrait éventuellement connaître un déficit permanent sans pour autant voir sa dette exploser, une situation que certains ont qualifiée de « festin gratuit » (free lunch).
samedi 5 février 2022
Les Gilets jaunes, les croyances pessimistes et l’aversion à la taxe carbone
Le mouvement des Gilets jaunes a été amorcé par le projet d’introduction d’une taxe environnementale au prix des carburants, dans un contexte où ce dernier avait fortement augmenté. Même si une minorité de la population française a participé à ce mouvement et si ses participants ont inclus de façon disproportionnée des sympathisants d’extrême-gauche et d’extrême-droite, il a bénéficié d’un large soutien parmi l’ensemble de la population.
vendredi 4 février 2022
Les invisibles défauts sur les prêts chinois
Ces deux dernières décennies, les prêts chinois accordés aux pays en développement ont connu un boom. L’Etat chinois et les banques publiques chinoises sont devenus les principaux prêteurs pour le monde en développement. Or, les institutions chinoises ont accordé ces prêts de façon très opaque. Cela s’explique notamment par le fait que les principaux prêteurs chinois ont exigé une stricte confidentialité de la part de leurs emprunteurs. En étudiant la pratique de prêts de la Chine sur la période allant de 2000 à 2017, Sebastian Horn, Carmen Reinhart et Christoph Trebesch (2021) avaient ainsi conclu qu’environ la moitié des prêts chinois n’étaient pas capturés par les statistiques internationales sur la dette. Cette pratique constitue donc une source potentielle d’instabilité et de contagion financières : puisque ces « dettes cachées » ne sont pas l’objet d’une surveillance par les institutions internationales, l’endettement des pays en développement et le risque que celui-ci fait peser sur le reste du système financier mondial sont sous-estimés.
mardi 1 février 2022
Quelle est la politique monétaire optimale quand la reprise est déséquilibrée ?
La reprise post-pandémique se singularise par son caractère déséquilibré : la demande de biens, notamment manufacturés, est forte, mais la demande de services reste déprimée, en particulier ceux qui nécessitent des relations physiques de face-à-face avec la clientèle. En effet, ces services sont particulièrement exposés aux mesures restrictives adoptées par les autorités pour freiner l’épidémie et particulièrement affectés par le comportement de distanciation physique adopté par les consommateurs, notamment par crainte de la contagion. En conséquence, l’économie mondiale connaît une réallocation de la demande en faveur des biens (cf. graphique). Ce rééquilibrage entraîne notamment des goulots d’étranglement et se traduit par une accélération de l’inflation.
samedi 29 janvier 2022
Perte d'emploi : un coût inégal d'un pays à l'autre
Antoine Bertheau, Edoardo Acabbi, Cristina Barceló, Andreas Gulyas, Stefano Lombardi et Raffaele Saggio (2022) ont cherché à déterminer dans quelle mesure le coût d’une perte d’emploi différait d’un pays à l’autre. Pour cela, ils ont constitué une base de données harmonisées relatives aux appariements entre employeurs et salariés dans sept pays européens, en l’occurrence l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, le Portugal et la Suède, des pays caractérisés par des institutions du marché du travail différents. Ils se sont en l’occurrence penchés sur les conséquences de la perte d’un emploi de long terme, due à des licenciements collectifs ou fermetures d’établissements pour raisons économiques.
vendredi 28 janvier 2022
Les morts collatérales de la pandémie
Les vagues épidémiques de Covid-19, dans un contexte de possible sous-investissement de l’offre de soins hospitaliers, ont mis les systèmes de santé des pays développés sous pression. Par conséquent, ces derniers ont pu ne pas avoir assez de ressources non seulement pour soigner les personnes infectées par le coronavirus, mais aussi pour soigner les autres malades ; ce fut en particulier le cas lorsque l’afflux de malades du Covid a entraîné une réorientation des soins en faveur de ces derniers.
mercredi 26 janvier 2022
Sous l’arc-en-ciel de la gravité : ce que les bombes font aux inégalités
Toute une littérature suggère que les guerres jouent un rôle de « grand égalisateur » (Scheidel, 2017). Les conflits militaires réduiraient directement les inégalités en détruisant une partie du patrimoine, dans la mesure où ce dernier est détenu de façon disproportionnée par les plus riches (Piketty, 2013). Mais ils peuvent aussi y contribuer plus indirectement, par exemple en réduisant la tolérance de la population vis-à-vis des inégalités, en amenant celle-ci à réclamer un plus grand partage des risques et, notamment pour ces raisons-là, en conduisant à l’adoption de politiques réduisant les inégalités. Pour Richard Titmuss (1950 ; 2001), l’acceptation de l’effort de guerre par la population britannique dans les années 1940 tenait précisément à l’adoption de politiques sociales, celles que promut le rapport publié par Berveridge en 1942 et que le parti travailliste mit en place en arrivant au pouvoir en 1945, notamment avec la création du National Health Service en 1948.
mardi 25 janvier 2022
Pourquoi la hausse du taux d’activité des femmes a-t-elle ralenti ? Le rôle des inégalités de revenu
Le vingtième siècle a été marqué par la hausse du taux d’activité des femmes et la réduction des inégalités salariales entre les sexes (Goldin, 2006). Ces deux évolutions ont été marquées dans les années 1970 et 1980, mais elles ont ensuite eu tendance à ralentir dans les pays développés, en particulier aux Etats-Unis (cf. graphique).
vendredi 21 janvier 2022
La pandémie a-t-elle entraîné une inadéquation entre chômeurs et postes vacants ?
L’emploi ne s’est pas comporté de la même façon des deux côtés de l’Atlantique dans le sillage de la pandémie (cf. graphiques 1a et 1b). Aux Etats-Unis, le taux d’emploi des personnes en âge de travailler a chuté de 10 points de pourcentage entre janvier et avril 2020, en passant d'environ 72 % à 61 % ; au Royaume-Uni, la baisse a été plus graduelle et n’a atteint au maximum que 2 points de pourcentage au quatrième trimestre 2020 relativement au quatrième trimestre 2019. Ces différences s’expliquent notamment par les différences dans les politiques adoptées dans les deux pays : les pays européens, notamment le Royaume-Uni, ont davantage recouru à des dispositifs de chômage technique, permettant de maintenir un maximum le lien des travailleurs à leur emploi pour éviter une hausse du chômage.
jeudi 20 janvier 2022
La politique monétaire devient plus inclusive lorsqu’elle reste accommodante au plein emploi
Nittai Bergman, David Matsa et Michael Weber (2022) ont observé quels sont les effets de la politique monétaire sur les travailleurs lorsque ces derniers ne présentent pas le même degré d’intégration au marché du travail. Pour cela, ils ont étudié les données relatives à 895 zones d’emploi aux Etats-Unis pour la période allant de 1990 à 2019 en distinguant les travailleurs selon leur catégorie ethno-raciale, leur sexe et leur niveau de diplôme. Ils ont observé comment tendait à se comporter la croissance de l’emploi de différents groupes démographiques dans une zone d’emploi donnée en fonction, d’une part, du niveau des taux directeurs de la Réserve fédérale et, d’autre part, du degré de tensions dans cette zone d’emploi.
mardi 18 janvier 2022
Fiscalité des multinationales : le risque d’un taux minimum mondial trop bas
Les firmes multinationales enregistrent une part significative de leurs profits dans les « paradis fiscaux », des territoires où la fiscalité effective est extrêmement allégée : le montant des bénéfices transférés dans les paradis fiscaux s’élève à environ 600 milliards de dollars par an (Zucman, 2013 ; Tørsløv et alii, 2018). Face à l’accroissement des transferts de bénéfices des firmes domestiques et à l’érosion subséquente de l’assiette fiscale, les gouvernements ont eu tendance à réagir en allégeant la fiscalité sur les entreprises, mais cela accentue la concurrence fiscale internationale et entraîne une véritable « course au moins-disant fiscal », érodant les recettes fiscales des Etats et les poussant à réduire leurs dépenses publiques.
samedi 15 janvier 2022
Les inégalités de revenu du travail selon le genre dans le monde
Dans une nouvelle étude du Laboratoire sur les inégalités mondiales, Theresa Neef et Anne-Sophie Robilliard (2021) ont étudié les inégalités de genre dans la répartition du revenu du travail. Elles ont déterminé la part du revenu du travail que les femmes gagnent dans 182 pays sur la période allant de 1991 à 2019. Pour cela, elles ont combiné les données relatives à l’emploi et au revenu du travail tirées de l’OIT, de la Luxembourg Income Study et des statistiques de l’UE sur le revenu et les conditions de vie.
lundi 10 janvier 2022
Le salaire minimum a réduit les inégalités salariales de genre en Allemagne
Les femmes ne souffrent pas seulement d’un « plafond de verre », c’est-à-dire d’une sous-représentation dans les emplois les plus rémunérés. Elles sont également surreprésentées parmi les salariés à bas salaire, un phénomène que certains ont pu qualifier de « plancher collant ». Par conséquent, les revalorisations du salaire minimum sont susceptibles d’affecter les inégalités salariales de genre, en particulier en bas de la répartition des salaires (DiNardo et alii, 1996).
samedi 8 janvier 2022
La gestion préventive des flux de capitaux préserve les pays émergents des chocs d’aversion au risque
Les marchés des capitaux internationaux subissent régulièrement des épisodes de forte aversion au cours desquels les investisseurs financiers se détournent subitement des actifs qu’ils jugent risqués. Ces épisodes affectent tout particulièrement les pays émergents. En effet, ces derniers connaissent alors un tassement des entrées des capitaux, une fuite des capitaux et une plus forte volatilité de leur taux de change. Ces événements ont d’autant plus de chances de se solder par une crise financière que les résidents s’étaient auparavant endettés en devises étrangères. Un tel épisode s’était par exemple produit lors du taper tantrum en 2013, lorsque la Réserve fédérale signala ses intensions de réduire ses achats d’actifs, c’est-à-dire de resserrer sa politique monétaire. Ce fut de nouveau le cas lors de la pandémie de Covid-19.
vendredi 7 janvier 2022
La pandémie a-t-elle renforcé le soutien en faveur de la redistribution ? Petite leçon allemande
Plusieurs travaux suggèrent que les sentiments d’injustice et les croyances relatives à la chance et au mérite influencent les préférences des individus en matière de redistribution. En l’occurrence, si les individus croient que les inégalités de revenu résultent d’un processus juste et méritocratique, ils auront davantage tendance à voir celles-ci comme le reflet des différences d’efforts et ainsi à moins soutenir la redistribution. Par contre, s’ils croient que les inégalités s’expliquent avant tout par des facteurs échappant à leur contrôle, ils auraient tendance à demander davantage de redistribution.