Malgré les progrès (encore bien timides) vers la neutralité carbone, les carburants fossiles demeurent la principale source d’énergie. Ils n’ont guère de substitut et répondent à des besoins jugés essentiels. Une hausse du prix des carburants ne détériore pas seulement le pouvoir d’achat des ménages et la rentabilité des entreprises (ce qui en fait d’ailleurs un facteur de propagation de l’inflation) ; elle contraint la mobilité géographique en alourdissant les coûts de transport. En conséquence, elle est susceptible d’alimenter des conflits sociaux (Natalini et al., 2020 ; McCulloch et al., 2022). C’est fréquemment le cas des pays en développement, comme par exemple Haïti en juillet 2018, le Zimbabwe en janvier 2019 et le Nigeria en septembre 2020, mais les pays développés n’en sont pas épargnés, comme l’illustre le mouvement des gilets jaunes en France il y a cinq ans. Parfois, les mobilisations provoquées par les hausses du prix des carburants entraînent de véritables révolutions : ce fut le cas en Birmanie en 2007 ou plus récemment au Sri Lanka en mai 2022.