Antoine Bertheau, Edoardo Acabbi, Cristina Barceló, Andreas Gulyas, Stefano Lombardi et Raffaele Saggio (2022) ont cherché à déterminer dans quelle mesure le coût d’une perte d’emploi différait d’un pays à l’autre. Pour cela, ils ont constitué une base de données harmonisées relatives aux appariements entre employeurs et salariés dans sept pays européens, en l’occurrence l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, le Portugal et la Suède, des pays caractérisés par des institutions du marché du travail différents. Ils se sont en l’occurrence penchés sur les conséquences de la perte d’un emploi de long terme, due à des licenciements collectifs ou fermetures d’établissements pour raisons économiques.
samedi 29 janvier 2022
Perte d'emploi : un coût inégal d'un pays à l'autre
vendredi 28 janvier 2022
Les morts collatérales de la pandémie
Les vagues épidémiques de Covid-19, dans un contexte de possible sous-investissement de l’offre de soins hospitaliers, ont mis les systèmes de santé des pays développés sous pression. Par conséquent, ces derniers ont pu ne pas avoir assez de ressources non seulement pour soigner les personnes infectées par le coronavirus, mais aussi pour soigner les autres malades ; ce fut en particulier le cas lorsque l’afflux de malades du Covid a entraîné une réorientation des soins en faveur de ces derniers.
mercredi 26 janvier 2022
Sous l’arc-en-ciel de la gravité : ce que les bombes font aux inégalités
Toute une littérature suggère que les guerres jouent un rôle de « grand égalisateur » (Scheidel, 2017). Les conflits militaires réduiraient directement les inégalités en détruisant une partie du patrimoine, dans la mesure où ce dernier est détenu de façon disproportionnée par les plus riches (Piketty, 2013). Mais ils peuvent aussi y contribuer plus indirectement, par exemple en réduisant la tolérance de la population vis-à-vis des inégalités, en amenant celle-ci à réclamer un plus grand partage des risques et, notamment pour ces raisons-là, en conduisant à l’adoption de politiques réduisant les inégalités. Pour Richard Titmuss (1950 ; 2001), l’acceptation de l’effort de guerre par la population britannique dans les années 1940 tenait précisément à l’adoption de politiques sociales, celles que promut le rapport publié par Berveridge en 1942 et que le parti travailliste mit en place en arrivant au pouvoir en 1945, notamment avec la création du National Health Service en 1948.
mardi 25 janvier 2022
Pourquoi la hausse du taux d’activité des femmes a-t-elle ralenti ? Le rôle des inégalités de revenu
Le vingtième siècle a été marqué par la hausse du taux d’activité des femmes et la réduction des inégalités salariales entre les sexes (Goldin, 2006). Ces deux évolutions ont été marquées dans les années 1970 et 1980, mais elles ont ensuite eu tendance à ralentir dans les pays développés, en particulier aux Etats-Unis (cf. graphique).
vendredi 21 janvier 2022
La pandémie a-t-elle entraîné une inadéquation entre chômeurs et postes vacants ?
L’emploi ne s’est pas comporté de la même façon des deux côtés de l’Atlantique dans le sillage de la pandémie (cf. graphiques 1a et 1b). Aux Etats-Unis, le taux d’emploi des personnes en âge de travailler a chuté de 10 points de pourcentage entre janvier et avril 2020, en passant d'environ 72 % à 61 % ; au Royaume-Uni, la baisse a été plus graduelle et n’a atteint au maximum que 2 points de pourcentage au quatrième trimestre 2020 relativement au quatrième trimestre 2019. Ces différences s’expliquent notamment par les différences dans les politiques adoptées dans les deux pays : les pays européens, notamment le Royaume-Uni, ont davantage recouru à des dispositifs de chômage technique, permettant de maintenir un maximum le lien des travailleurs à leur emploi pour éviter une hausse du chômage.
jeudi 20 janvier 2022
La politique monétaire devient plus inclusive lorsqu’elle reste accommodante au plein emploi
Nittai Bergman, David Matsa et Michael Weber (2022) ont observé quels sont les effets de la politique monétaire sur les travailleurs lorsque ces derniers ne présentent pas le même degré d’intégration au marché du travail. Pour cela, ils ont étudié les données relatives à 895 zones d’emploi aux Etats-Unis pour la période allant de 1990 à 2019 en distinguant les travailleurs selon leur catégorie ethno-raciale, leur sexe et leur niveau de diplôme. Ils ont observé comment tendait à se comporter la croissance de l’emploi de différents groupes démographiques dans une zone d’emploi donnée en fonction, d’une part, du niveau des taux directeurs de la Réserve fédérale et, d’autre part, du degré de tensions dans cette zone d’emploi.
mardi 18 janvier 2022
Fiscalité des multinationales : le risque d’un taux minimum mondial trop bas
Les firmes multinationales enregistrent une part significative de leurs profits dans les « paradis fiscaux », des territoires où la fiscalité effective est extrêmement allégée : le montant des bénéfices transférés dans les paradis fiscaux s’élève à environ 600 milliards de dollars par an (Zucman, 2013 ; Tørsløv et alii, 2018). Face à l’accroissement des transferts de bénéfices des firmes domestiques et à l’érosion subséquente de l’assiette fiscale, les gouvernements ont eu tendance à réagir en allégeant la fiscalité sur les entreprises, mais cela accentue la concurrence fiscale internationale et entraîne une véritable « course au moins-disant fiscal », érodant les recettes fiscales des Etats et les poussant à réduire leurs dépenses publiques.
samedi 15 janvier 2022
Les inégalités de revenu du travail selon le genre dans le monde
Dans une nouvelle étude du Laboratoire sur les inégalités mondiales, Theresa Neef et Anne-Sophie Robilliard (2021) ont étudié les inégalités de genre dans la répartition du revenu du travail. Elles ont déterminé la part du revenu du travail que les femmes gagnent dans 182 pays sur la période allant de 1991 à 2019. Pour cela, elles ont combiné les données relatives à l’emploi et au revenu du travail tirées de l’OIT, de la Luxembourg Income Study et des statistiques de l’UE sur le revenu et les conditions de vie.
lundi 10 janvier 2022
Le salaire minimum a réduit les inégalités salariales de genre en Allemagne
Les femmes ne souffrent pas seulement d’un « plafond de verre », c’est-à-dire d’une sous-représentation dans les emplois les plus rémunérés. Elles sont également surreprésentées parmi les salariés à bas salaire, un phénomène que certains ont pu qualifier de « plancher collant ». Par conséquent, les revalorisations du salaire minimum sont susceptibles d’affecter les inégalités salariales de genre, en particulier en bas de la répartition des salaires (DiNardo et alii, 1996).
samedi 8 janvier 2022
La gestion préventive des flux de capitaux préserve les pays émergents des chocs d’aversion au risque
Les marchés des capitaux internationaux subissent régulièrement des épisodes de forte aversion au cours desquels les investisseurs financiers se détournent subitement des actifs qu’ils jugent risqués. Ces épisodes affectent tout particulièrement les pays émergents. En effet, ces derniers connaissent alors un tassement des entrées des capitaux, une fuite des capitaux et une plus forte volatilité de leur taux de change. Ces événements ont d’autant plus de chances de se solder par une crise financière que les résidents s’étaient auparavant endettés en devises étrangères. Un tel épisode s’était par exemple produit lors du taper tantrum en 2013, lorsque la Réserve fédérale signala ses intensions de réduire ses achats d’actifs, c’est-à-dire de resserrer sa politique monétaire. Ce fut de nouveau le cas lors de la pandémie de Covid-19.
vendredi 7 janvier 2022
La pandémie a-t-elle renforcé le soutien en faveur de la redistribution ? Petite leçon allemande
Plusieurs travaux suggèrent que les sentiments d’injustice et les croyances relatives à la chance et au mérite influencent les préférences des individus en matière de redistribution. En l’occurrence, si les individus croient que les inégalités de revenu résultent d’un processus juste et méritocratique, ils auront davantage tendance à voir celles-ci comme le reflet des différences d’efforts et ainsi à moins soutenir la redistribution. Par contre, s’ils croient que les inégalités s’expliquent avant tout par des facteurs échappant à leur contrôle, ils auraient tendance à demander davantage de redistribution.