La Russie a repris son invasion de l’Ukraine il y a deux ans. En réaction, beaucoup de pays occidentaux ont assez rapidement adopté des sanctions économiques pour pousser l’Etat russe à stopper son invasion, notamment en lui restreignant l’accès à des technologies cruciales pour son industrie militaire. Un nouveau paquet de sanctions ont été adopté ces derniers jours.
Deux économistes de la Banque de Finlande, Iikka Korhonen et Heli Simola (2024), ont étudié le comportement des importations russes depuis l’adoption de ces sanctions économiques. Ils se sont appuyés sur des données de fréquence mensuelles relatives aux exportations de biens technologiques de 26 pays ayant adopté des sanctions à l’égard de la Russie et de 14 pays qui n’en ont pas adoptées. Ils ont appliqué à ces données la méthode des différences de différences. Ce qu’ils ont voulu chercher à voir est dans quelle mesure les sanctions ont pu entraîner un détournement des échanges, c’est-à-dire une substitution des importations de biens en provenance des pays ayant adopté des sanctions par des importations de biens en provenance d’autres pays.
Korhonen et Simola constatent que les exportations des pays ayant adopté des sanctions ont globalement fortement baissé (cf. graphique 1). En l’occurrence, les exportations de biens ciblés par les sanctions ont bien davantage baissé que les exportations moyennes. Les exportations de produits clés pour les combats se sont presque totalement effondrées. En outre, même les exportations de biens ne faisant pas l’objet de sanction ont fortement baissé.
Mais en parallèle, les exportations par les pays n’ayant pas adopté de sanctions ont augmenté (cf. graphique 2). Après avoir légèrement chuté, elles ont rapidement rebondi à un niveau supérieur à celui qu’elles atteignaient avant l’invasion. En l’occurrence, ce sont surtout leurs exportations de biens ayant fait l’objet de sanctions qui ont augmenté. La Chine a joué un rôle clé dans cette substitution
Ainsi, la Russie semble avoir réussi à remplacer certains biens qui ne lui étaient plus disponibles auprès des pays qui l’ont sanctionnée. Cela dit, cette substitution est incomplète, si bien que Korhonen et Simola jugent que les sanctions ont été efficaces d’un point de vue économique.
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